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Birmanie : Deux victimes suite aux manifestations contre la junte militaire

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Mémorial et fleurs pour femme décédée

Ce 1er février 2021, la Birmanie se réveillait en état de choc. En effet, le Président de la République birmane, Win Myint et la cheffe du gouvernement – figure de la démocratie birmane – Aung San Suu Kyi étaient arrêtés par une junte militaire organisant alors un coup d’État, pour récupérer le pouvoir dans un pays où la démocratie restait encore très fragile. En plus de ces derniers, le nombre de représentants politiques arrêtés dans le même temps était entre 300 et 400 personnes. La plupart d’entre eux était ouvertement opposé au régime militaire. Ce même jour, l’armée ordonnait l’interruption des programmes à la télévision, perturbait les communications et fermait l’aéroport international du pays. Par la suite, le premier Vice-président Myint Swe était nommé Président par intérim et il transférait par la suite les pleins pouvoirs au Général à la tête des forces armées, Min Aung Hlaing. Ce dernier détient donc les pouvoirs législatif, judiciaire et administratif.

Ce coup d’État militaire s’explique par les résultats des élections législatives ayant eu lieu en novembre 2020. Ces élections ont été remportées par la Ligue Nationale pour la Démocratie (NLD), qui a donc obtenu la majorité absolue dans les deux chambres du Parlement. Cependant, selon Min Aung Hlaing, porte-parole des forces armées, ce scrutin serait marqué par « d’énormes irrégularités », avec près de « 8,6 millions de cas de fraude ». Ces soupçons ont été néanmoins rejetés par la commission électorale. Or, cette large victoire démocratique pour le NLD allait impliquer pour l’armée une réduction de son pouvoir et de son influence. Il faut par ailleurs savoir que l’armée birmane est au cœur de l’échiquier politique depuis 1962, ce qui explique son importante influence ces derniers temps sur des enjeux tant économiques que sociaux.

Or, la volonté de « plus de démocratie » exprimée par le peuple allait nécessairement à l’encontre de cette position, ce qui peut expliquer le coup d’État. Aung San Suu Kyi a donc été inculpé par la junte militaire, malgré les nombreuses condamnations de la communauté internationale. Dans le même temps, l’armée poursuit son travail de répression, en interdisant les rassemblements, en interpellant à tour de bras ou encore en déployant des véhicules blindés. Ces décisions mettent donc fin à une transition démocratique engagée en Birmanie depuis près de 10 ans.

Ce mercredi 17 février a eu lieu le plus gros rassemblement de manifestants comptant des milliers de personnes, toutes opposées à la junte militaire, réclamant la libération des prisonniers politiques, y compris Aung San Suu Kyi, et la mise en place d’une nouvelle Constitution. Ce jour-là, aucune escalade violente n’avait été constatée par des journalistes de l’AFP présents sur place. Cependant, ce samedi 20 février, ce que craignaient nombre d’associations est arrivé : des milliers de manifestants se sont de nouveau rassemblés pour protester contre la junte militaire. Malheureusement, cette fois-là, la police a répliqué en tirant dans la foule et causant par la même occasion, la mort de deux personnes, une boulangère de 20 ans et un mineur. De plus, il faut rajouter à ce triste comptage une trentaine de blessés.

Il y a fort à parier que ce décompte ne va avoir de cesse d’augmenter au cours des prochains jours. En effet, les manifestants sont pour la plupart des jeunes, n’ayant pas connu la dictature militaire. Cependant, ils ne souhaitent en aucun cas revenir sous ce type de régime et sont prêts à mourir si cela permet d’éviter le retour de l’oppression. De plus, ces jeunes ayant eu accès à Internet et aux réseaux sociaux pendant de nombreuses années, ils ont désormais belle et bien conscience que leur pays avait déjà du retard auparavant et que le rétablissement d’un régime autoritaire impliquerait un retour en arrière sous de nombreux aspects…

Valère Bénazet – 22/02/21

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