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La droite française : entre division et redéfinition

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48,5 % des intentions de votes pour des candidats de droite ! C’est ce que révèle le dernier sondage Ifop-Fiducial pour les élections présidentielles de 2022. Pour atteindre ces chiffres, le sondage a pris en compte Xavier Bertrand pour Les Républicains, Nicolas Dupont-Aignant, Marine Le Pen et Eric Zemmour. Tant de candidats sur la droite de l’échiquier politique, la situation serait-elle bloquée ?

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A droite, les divergences sont nombreuses sur la préparation de la prochaine présidentielle. (Sipa/Eric Dessons/JDD)
La droite traditionnelle ou le besoin d’un nouvel ancrage

Les Républicains sont face à une situation complexe, à peine plus de 10 % des voix dans le meilleur des cas possibles actuellement. En tant qu’héritiers d’une ancienne famille politique, ils n’ont jamais été aussi bas dans les intentions de votes pour des élections présidentielles durant la Ve République. C’est une première, comment l’expliquer ?

Les élections de 2017. Elles sont plus qu’un échec pour LR, puisque non seulement François Fillon a échoué dans les urnes, mais les accusations à son endroit ont plus encore sonné la disgrâce du parti pour les français. Le navire sombrant des Républicains s’est alors vidé de ses cadres, et nous pouvons compter parmi les noyers, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Fillon lui-même, et tous ceux qui ont rejoint Emmanuel Macron. Cela, tandis que des survivants au naufrage sont réapparus à bord, sauvés par la bouée de leur région, Xavier Bertrand et Valérie Pécresse, qui avaient quitté LR en 2017 et 2018 pour y revenir en vu du Congrès du parti cette année.

Les Républicains ont donc besoin de se retrouver une légitimité, de reconstruire quelque chose de stable s’ils veulent convaincre les français. En vue des prochaines élections, ils sont en quête d’unité au sein de ce parti après avoir été complètement désunis ces dernières années. Les cinq candidats ont d’ailleurs promis de faire front commun avec le vainqueur. La forme même de l’élection interne pour présenter un seul candidat, appelle à l’unité. Ils parlent de « congrès », alors qu’avant, ils ne juraient que par la « primaire ». Dans cette même optique, le parti doit retrouver une identité, un ancrage dans le temps et les consciences des gens. Nicolas Sarkozy est alors la figure de ralliement pour LR, puisque contrairement à François Fillon, il faisait l’unanimité. De plus 3 des 5 candidats en lice ont été ministres de ce dernier gouvernement de droite (Barnier, Bertrand, Pécresse).

Zemmour : le cheveux sur la soupe électorale

Eric Zemmour ne cesse de rappeler à qui veut l’entendre, qu’il n’est pas encore candidat – heure à laquelle cet article est rédigé – mais qu’il a écrit un livre. Ce qui lui permet d’arpenter les plateaux télévisés et de mieux couvrir l’espace médiatique depuis trois mois, que n’importe quel candidat déclaré.

Il suscite l’opposition de la quasi-totalité du champ politique partisan en France, de la gauche de la gauche avec Mélenchon, à la droite de la droite incarnée par Marine Le Pen. Les Républicains et le Rassemblement National ne peuvent voir en lui qu’un adversaire, puisque l’électorat qui lui est prêté par les sondages n’est autre que le leur. Marine Le Pen est par exemple passée de 24 à 16 % dans les sondages depuis la rentrée politique de septembre dans laquelle s’est engouffré Zemmour. Il déstabilise si bien la sphère politico-médiatique qu’il suscite des réactions assez virulentes, par exemple les propos de Jean-Christophe Lagarde, à base de « balle dans la tête ».

Si l’on exclut les attaques ad hominem, l’argument que l’on retrouve alors, aussi bien chez les candidats LR que celle du RN, est que Zemmour n’a “aucune expérience politique ni de programme”, cela fait de lui un « non-sujet » pour Barnier.

Mais est-ce vraiment tout ?

La place de ce candidat dans les débats n’est pas simplement nominale, elle est aussi thématique. Eric Zemmour, depuis plusieurs années, porte un bagage de sujets qui ne varie guère comme ses détracteurs aiment le dire. Il y a un glissement des sujets de prédilection de la droite de la droite vers la droite plus traditionnelle.

Ces principaux sujets étant, aujourd’hui, y compris au sein de LR, l’immigration, l’identité française et la sécurité. On pourrait tout à fait répondre à cette assertion en expliquant que les candidats en parlent parce qu’ils sont interrogés sur ces thématiques. Or, on peut constater que même lorsqu’un autre sujet est abordé, comme l’Union Européenne, ou l’éducation, les candidats Républicains reviennent d’eux-mêmes à la sécurité et l’immigration. C’est d’autant plus intéressant que si l’on compare cette démarche avec la campagne présidentielle de François Fillon, en 2017, c’était exactement l’inverse. Tout était prétexte pour parler de l’Europe, y compris l’immigration. Cela montre qu’il y a une influence. Dans les débats actuels des sujets comme « le regroupement familial », amenés par Eric Zemmour dans le débat public, sont maintenant présents dans la bouche de Michel Barnier. La sécurité est le cheval de bataille de Valérie Pécresse qui propose d’aménager des bâtiments désaffectés en prison. Combien de citations et références à De Gaulle sont faites par des candidats de droite ? Au congrès LR, Eric Ciotti va même plus loin que ses quatre concurrents et collègues puisqu’il dit assumer l’idée d’un « grand remplacement », défendu par le polémiste. La droite traditionnelle s’attache t-elle à ces sujets pour se redéfinir ou par opportunisme électoral ?

Les sondages de ces derniers jours ne semblent pas favorables à Eric Zemmour, qui n’avance plus et peut-être même reculerait (sondages d’Odoxa et d’Elabe). Aurait-il heurté le plafond de verre ? Cela va peut-être prendre un autre tournant avec l’annonce de sa candidature.

Face à cette division en trois blocs à droite, cumulant près de la moitié des intentions de vote, quelle possibilité d’alliance, d’entente ? Avec qui ? Contre qui ? La première prise d’initiative risque d’accélérer les événements futurs.

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