Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

Le Parlement belge dénonce le travail forcé des Ouïghours et dégrade ses relations avec la Chine

Coline Blouin

Coline Blouin

Actuellement en master langues étrangères, relations internationales et stratégies politiques, j'ai toujours été passionnée par la lecture et l'écriture. Décrire l'actualité est donc une façon pour moi de partager mon intérêt pour les questions politiques internationales.
Ce mardi 15 juin, le Parlement belge a décidé de condamner le travail forcé des Ouïghours en Chine, un moyen pour eux de se joindre aux autres parlements dans le monde qui dénoncent ce qui se passe là-bas. Dans leur dénonciation, les députés belges parlent d’un « risque sérieux de génocide » du peuple des Ouïghours.

Partagez ce post

Parlement belge lors de la dénonciation du sort des Ouïghours, Belga
Parlement Belge lors de la décision de condamnation du travail forcé des Ouïghours
Mais qui sont les Ouïghours ? 

Le peuple des Ouïghours représentent l’une des cinquante six ethnies qui composent la République populaire de Chine. Cette minorité, de religion musulmane pour la plupart, est installée en Asie centrale depuis plus d’un millénaire. Elle est implantée notamment au Turkestan oriental. C’est une civilisation qui fait partie intégrante de cette région asiatique. Mais, comme beaucoup d’autres peuples minoritaires, les Ouïghours sont persécutés depuis des dizaines d’années. 

En effet, cette minorité subit d’importantes discriminations du pouvoir central chinois. Face à leur minorité, de nombreuses restrictions religieuses ont été mises en place. À l’heure actuelle, beaucoup de bruit circule sur l’existence de camp de « concentration » pour les Ouïghours. Ce serait les autorités du régime chinois qui organiserait ces « camps secrets ». 

Il est vrai que depuis 2014, des camps d’internements auraient été édifiés dans le but d’interner des musulmans pratiquants tels que les Ouïghours. La raison principale serait celle de « prévention ». Autrement dit l’internement de ces individus se ferait dans le cadre d’une campagne antiterroriste. C’est seulement depuis octobre 2018 que le gouvernement chinois reconnaît l’existence de ces camps. Cependant, son nom diffère et se nomme : « camps de transformation par l’éducation ». Quel que soit le nom donné à ces endroits, les conditions de vie dans ces camps seraient inhumains selon l’ONU.

Cartographie des lieux de détentions des Ouïghours – Image satellite du camp de rééducation de Baijiantian.

Depuis maintenant plusieurs mois, de nombreux témoignages émergent de la part d’anciens prisonniers. Tous sont unanimes : personne n’en ressort indemne, tant au niveau physique que mental. « Il y avait beaucoup de tortures physiques dans ces camps » explique Sayragul Sauytbay, ancienne prisonnière de ces camps. Dans son interview pour FranceInfo, elle raconte que là-bas trois choix s’offrent à vous : mourir, devenir fou ou perdre la santé. 

Mouvements et manifestations mondiaux pour cette minorité musulmane 

Depuis 2019, plusieurs pays dans le monde se sont mobilisés afin de soutenir les Ouïghours de Chine. En France, Turquie, Belgique ou encore des villes telles que Hongkong ont manifesté leur soutien en sortant dans les rues. La plupart dénoncent les conditions que subissent les Ouïghours dans ces camps et appellent à la libération de ce peuple. En effet, déjà plusieurs milliers d’entre eux ont réussi à trouver refuge dans certaines zones d’Europe. C’est le cas en Turquie ou en Belgique.

Outre les nombreuses manifestations qui existent depuis plusieurs années, certains États ont eux aussi décidé de prendre part au débat en condamnant fermement les pratiques de la Chine. Selon le journal Le Figaro en 2020, 39 pays demandent à la Chine de respecter les droits de l’Homme. Leur demande concerne la fermeture de leurs camps. À l’ONU, ces pays expliquent qu’ils appellent « la Chine à respecter les droits humains, particulièrement les droits des personnes relevant de minorités religieuses et ethniques, notamment au Xinjiang et au Tibet ». 

Suite à ces dénonciations, la Belgique décide de s’engager dans la même voie que ses confrères. En pourparlers depuis le mois de février, cette décision est jugée « historique » par Samuel Cogolati, député écologiste. Après le témoignage de Qelbinur Sidik, une rescapée ouïghoure, les choses se sont accélérées dans les pays voisins. Cette dernière y décrivait l’enfer qu’elle a pu y vivre. Elle parle notamment de stérilisation forcée, de tortures ou encore de viols. 

La Belgique, comme d’autres États, dénoncent ces abus comme un génocide du peuple ouïghour. Ce mot, très fort, est un l’un des enjeux de cette décision parlementaire. En effet, si le texte est approuvé définitivement, cela impliquerait alors l’instauration de mesures préventives. Dans un communiqué, la Belgique demande même le gel de l’accord sur les investissements avec la Chine. Un moyen pour eux d’inciter à l’arrêt de ces violences.

Mises en garde de la Chine vis-à-vis de la Belgique 

Suite aux dénonciations faites par la Belgique, la Chine la met en garde face aux possibles dégradations de leurs relations bilatérales. En réponse, la ministre des Affaires Étrangères, Sophie Wilmès, défend l’indépendance et les libertés de réflexion et d’expression du Parlement belge. Une façon pour elle de rappeler la stabilité politique et économique de la Belgique.

La porte parole de la diplomatie chinoise a expliqué lors d’un point presse qu’ils appelaient « la Belgique à rectifier immédiatement son erreur afin d‘éviter une dégradation des relations sino-belges ».  Ces menaces ne font qu’accentuer la tension qui existait déjà entre ces deux pays. En effet, selon la Chine, certains députés comme Samuel Cogolati auraient « délibérément répandu des mensonges et des fausses informations, causant un tort grave aux intérêts et à la souveraineté de la Chine. »

En attendant la décision finale du Parlement belge, l’ensemble des États impliqués dans ces dénonciations espèrent la libération rapide des Ouïghours. Pour le moment, plusieurs milliers d’entre eux ont réussi à se réfugier dans certains pays européens, mais tous continuent d’être suivis par le gouvernement chinois. Ce dernier met tout en place pour que ces individus ne parlent pas, quitte à les faire suivre. C’est ce que témoignent certains réfugiés sur leur vie « post-camp ». Pour le moment, l’objectif est de les accompagner dans leur « réintégration » à la vie normale.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Total
0
Share