Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

Les Etats généraux de la laïcité : entre volonté de rassemblement et controverses

Picture of Juliette Messa

Juliette Messa

Etudiante en double licence d'Histoire-Médias à la Sorbonne et à Assas, je porte un grand intérêt à l'actualité politique et aux humanités. Curieuse et intrépide, toujours à la recherche des dernières informations, je souhaite devenir journaliste. Bonne lecture !
Ce mardi 20 avril, la ministre déléguée chargée de la citoyenneté, Marlène Schiappa, a officialisé le lancement des Etats généraux de la laïcité, souhaitant rouvrir le débat sur la laïcité tout en touchant la jeunesse. À peine lancés, ceux-ci suscitent déjà de vives réactions au sein de la sphère politique.

Partagez ce post

Marlène Schiappa lors du lancement des Etats généraux de la laïcité

« La laïcité n’est en aucun cas une arme contre les religions. Il nous faut convaincre, en particulier les nouvelles générations » a affirmé Marlène Schiappa en défendant la mise en place des Etats généraux de la laïcité, dont elle est à l’initiative. Annoncés dans une interview de la ministre dans le JDD du 17 avril, ils ont été lancés ce mardi au Conservatoire des Arts et Métiers, avec un objectif bien précis : rassembler autour de la notion de laïcité. 

Ce mardi 20 avril , leur lancement a eu lieu en compagnie de figures universitaires et intellectuelles de différents bords, comme l’essayiste et ex-collaboratrice de Charlie Hebdo Caroline Fourest, le philosophe Henri Pena Ruiz, auteur du Dictionnaire Amoureux de la laïcité, ou encore le penseur libéral Gaspard Koenig. D’autres, comme le philosophe Raphael Enthoven, sont venus jeudi 22 avril prononcer un discours défendant la laïcité à l’école, ce dernier affirmant que « Rien n’est plus libératoire que les questions permises par la laïcité à l’école (…). On ne se sert pas de ses ailes avant d’avoir appris à voler. Sinon c’est dans une cage qu’on finit par vivre.»

Ce mot islamophobie a tué » : les outrances de Caroline Fourest aux états- généraux de la laïcité – Anti-K
L’essayiste Caroline Fourest le 20 avril 2021 lors du lancement des Etats généraux de la laïcité

La mise en application des Etats généraux de la laïcité se traduira par des tables rondes et des groupes de travail autour de six thèmes en lien avec la laïcité, comme la liberté d’expression, la jeunesse ou encore l’intégration citoyenne. Des associations, comme la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), se verront confier des « cartes blanches ». La mobilisation de la jeunesse est également souhaitée. Pour cela, 50 000 jeunes citoyens entre 18 et 35 ans sont invités à participer à une grande consultation sur la plate-forme Make.org, ayant comme question principale « Comment faire vivre la laïcité au quotidien ? ».

La laïcité, un principe sujet à de vifs débats

Aujourd’hui la laïcité, emblématique de la loi de 1905, est au coeur de nombreux débats. Dernièrement, à la suite de l’assassinat de Samuel Paty et du projet de loi séparatisme, la question de la laïcité et de son application n’ont jamais été aussi débattues. En effet, des divergences apparaissent quant à son acception : si pour certains, la laïcité relève du respect de la liberté religieuse tant qu’elle ne trouble pas l’ordre public, pour d’autres, elle consiste en une plus grande limitation de la liberté religieuse. C’est en défendant cette dernière position que le Sénat a décidé de voter, le 8 avril dernier, plusieurs amendements dans le cadre de la loi séparatisme, comme l’interdiction du port du voile pour les accompagnatrices scolaires ou lors de compétitions organisées par des fédérations sportives. 

Projet de loi « séparatisme » : le Sénat tenté de durcir le texte
L’hémicycle du Sénat

Par ailleurs, la jeunesse est la cible principale de ces Etats généraux de la laïcité. Dans son édito paru dans le dossier de presse du Ministère de l’Intérieur au sujet de leur lancement, Marlène Schiappa soutient que « la laïcité est un vecteur d’émancipation et permet la consolidation de la citoyenneté en opposition à des discours communautaires ou hostiles, qui émergent notamment chez les plus jeunes ». Récemment, une enquête commandée par la Licra et la revue Le Droit de Vivre a illustré le clivage qui pouvait exister entre les générations au sujet de la mise en pratique de la laïcité : si plus d’un lycéen sur deux (52%) se dit favorable au port de signes religieux ostensibles dans les lycées publics, seuls 25% des français les rejoignent sur cette position. 

La ministre a également annoncé la création d’un Fonds Marianne, dans le cadre de la défense des valeurs de la République et de la lutte contre les discours séparatistes. Pour cela, 2.5 millions d’euros seront versés  à « des personnes et associations qui vont porter des discours pour promouvoir les valeurs de la République et pour lutter contre les discours séparatistes, notamment sur les réseaux sociaux et les plates-formes en ligne ». Cette décision n’est pas sans rappeler le bras de fer que le gouvernement a décidé de mener contre les associations qu’il juge contraires aux valeurs de la République : le 28 octobre dernier, l’association BarakaCity a ainsi été dissoute lors du conseil des ministres, lui reprochant la propagation « d’idées prônant l’islamisme radical ». 

Les Etats généraux de la laïcité, au coeur de multiples controverses 

Si l’initiative prise par la ministre chargée de la citoyenneté est très récente, celle-ci ne suscite pas moins de nombreuses réactions au sein de la sphère politique et médiatique. 

Ce lundi 19 avril, au micro de France Info, l’euro-député Europe Ecologie Les Verts (EELV) Yannick Jadot s’est montré critique envers l’initiative, signalant que « la laïcité est un joyau que le Gouvernement doit cesser d’abîmer », et ajoutant que « débattre ce n’est pas fabriquer un outil de propagande ! ». Le 23 avril, David Belliart, élu EELV , a affirmé sur Sud-Radio que Marlène Schiappa était « la principale VRP du Rassemblement National ». 

États généraux de la laïcité : Jadot accuse Schiappa d'être «dans le  registre de l'insulte» contre les écologistes
L’euro-député EELV Yannick Jadot sur France Info le 19 avril 2021

D’autres doutent de l’authenticité de la démarche, comme le député du groupe Ecologie Démocratie Solidarité (EDS) Aurélien Taché, qui la qualifia « d’opération de communication grotesque »

Par ailleurs, certains s’interrogent sur le choix du timing de leur coup d’envoi : celui-ci voit le jour à la suite de l’annonce de Marlène Schiappa du 31 mars au sujet du remplacement de l’Observatoire de la laïcité, présidé par l’ancien ministre socialiste Jean-Louis Bianco. Pour Aurélien Taché, « On prépare le terrain pour remplacer l’Observatoire de la laïcité, qui faisait un excellent travail (…) par un nouvel organe à la solde du gouvernement ».

Si les Etats généraux prendront fin à l’issue du mois de juillet, pour certains, ses aboutissants sont attendus avec grande hâte, de manière à ce qu’ils soient rendus effectifs dans la société. En effet, pour Gilles Clavreul, co-fondateur du Printemps républicain, face à la défense de la laïcité « ce que l’on attend, ce sont des actes ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Total
0
Share