Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

L’Europe mobilise-t-elle la jeunesse ?

Picture of Louis Brand

Louis Brand

Étudiant à Sciences Po Paris - campus franco allemand de Nancy. Particulièrement intéressé par les relations internationales et les questions relatives à la sécurité/défense à l'échelle européenne notamment.
En 2019, les élections européennes ont mobilisé seulement 50,1% des français inscrits sur les listes électorales. Même si ce taux est plus haut que lors des élections de 2014 (42,4% de participation), il reste tristement bas pour un pays ayant fondé l’Europe et ayant envoyé sur les bancs du Parlement Européen de grands noms tels que Simone Veil et Robert Schuman. Et si la France est en dessous de la moyenne européenne (50,66% de participation), elle n’est pas la plus mauvaise élève, avec la Slovaquie (22,74% de participation) et la Tchéquie (28,72% de participation) qui figurent bons derniers du classement.

Partagez ce post

les jeunes européens

Et ce taux est plus faible lorsque l’on s’intéresse à la tranche d’âge des 18-24 ans. Même si le taux de participation des jeunes aux élections européennes à bien augmenté en 2019 en France (42%) par rapport à 2014 (28%), il apparaît que l’Union Européenne est une cause qui ne motive même pas 1 jeunes sur 2 à se rendre aux urnes. 

Pourtant, la Charte européenne de la participation des jeunes à la vie locale et régionale encourage vivement à participer à l’espace public, ce qui ne saurait se limiter au vote : « La participation ne prend tout son sens que si le rôle des jeunes est reconnu dans les partis, les syndicats et les associations, et si l’on s’efforce de favoriser la création d’association par et pour les jeunes ».  Or, d’après une étude menée par Patricia Loncle et Virginie Muniglia, la France ainsi que d’autres pays européens tels que l’Allemagne et les Pays-Bas, sont des pays centrés sur l’emploi et la hiérarchie, laissant peu de place à l’engagement associatif chez les jeunes, forcés de trouver très rapidement une place dans la société. 

L’avenir de l’Europe dépend pourtant de la capacité de sa jeunesse à se mobiliser et s’engager dans l’espace public. Souvent associée à une institution bureaucratique opaque, l’Union Européenne est-elle encore celle imaginée par ses pères fondateurs au lendemain de la guerre ? La complexité de ses institutions est-elle un frein à sa propre affirmation ? Finalement, donne-t-elle envie à la jeunesse de se mobiliser ? 

Lucas Nitzsche, étudiant à Sciences Po Paris en 1èreannée et secrétaire général des Jeunes européens Lorraineainsi que chargé de mission pour le bureau national, fait partie de ces 1100 jeunes français qui ont décidé de s’engager pour l’Union Européenne. Mouvement militant pour une Europe plus démocratique, et à terme plus fédérale et proche de ses citoyens, lesJeunes Européens France, section française des Jeunes Européens Fédéralistes(JEF), contribue à penser l’Europe de demain à travers le spectre de la jeunesse. Leurs actions se traduisent en partie par des campagnes de sensibilisation dans les écoles, collèges, lycées afin d’éveiller une conscience européenne et pour expliquer l’impact réel de l’UE sur la vie quotidienne à la jeunesse : « L’Europe est dans notre quotidien puisque les décisions qui sont prises au niveau du Parlement sont des décisions qui sont là dans notre vie de tous les jours, que ce soit sur les forfaits de téléphones, sur les droits des consommateurs… ». L’association travaille aussi pour rendre plus compréhensible les institutions, en proposant des simulations du Parlement Européen, donnant ainsi la possibilité aux jeunes d’explorer leur citoyenneté européenne. 

Lucas reconnaît que les élections européennes sont majoritairement boudées par l’électorat français, mais la hausse de participation aux dernières élections, notamment chez les jeunes, doit être soulignée et est porteuse d’espoir. « Il est important que les jeunes s’engagent, que ce soit pour l’écologie, l’Union Européenne ou la politique nationale, parce que si on regarde la classe politique française et européenne, on s’aperçoit qu’il y a principalement des personnes âgées, qui ne sont pas du tout représentatives de notre génération ». 

Mais leur champ d’actions des Jeunes Européensne se résume pas à de la sensibilisation ; des articles sont écrits, des manifestations organisées et un réel travail de collaboration est fait avec les collectivités territoriales. Il s’agit alors d’avoir une vraie influence dans la sphère politique, ce qui a permis par exemple d’obtenir l’augmentation du budget Erasmus+ par le Parlement Européen. Actuellement, c’est le projet « accessiblEU », visant à rendre l’Europe plus accessible aux personnes en situation de handicap au travers d’outils pédagogiques, qui est en mise en route. 

S’engager pour l’Union Européenne c’est aussi reconnaître qu’il y a des choses à améliorer : « On n’est pas là pour applaudir l’Europe, mais pour donner nos revendications et pour définir l’Europe de demain ».Lucas espère d’ailleurs, à long-terme, voir le fédéralisme l’emporter sur l’inter-gouvernementalisme, qui prime encore au sein de certaines institutions bruxelloises : « Malgré ce que l’on pense, l’Union Européenne a vocation à devenir fédérale, c’est nécessaire pour imposer le respect de l’État de droit, pour mieux intégrer les pays, et pour avoir un réel pouvoir de contrôle sur ceux qui ne se plient pas aux règles ».Ces mots résonnent directement avec les tensions actuelles entre Bruxelles et la Pologne et la Hongrie sur les questions de l’État de droit et le degré de souveraineté des États membres. Lucas évoque notamment la nécessité de réformer l’article 7 du TFUE qui dispose que les États membres peuvent constater la violation de l’État de droit seulement à l’unanimité, réduisant donc sensiblement le pouvoir de Bruxelles vis-à-vis des démocraties illibérales. Bénéficier d’un plus grand pouvoir augmenterait l’efficacité et la réactivité de l’Union, qualités nécessaires pendant des périodes de crises, mais qui ne lui sont malheureusement pas souvent attribuées. 

C’est aussi pour que l’Union Européenne ne soit pas qu’une union reliée par des intérêts purement économiques que Lucas s’est engagé dans l’association. Car si l’Union Européenne revête évidemment une dimension économique, elle est aussi censée être une puissance normative, qui prône les valeurs universelles de solidarité et démocratie. La remise en cause de ces valeurs, notamment en Europe de l’Est, souligne que les intérêts économiques priment sur la dimension normative de l’Union et à travers leur campagne Democracy under pressure, l’association Les Jeunes Européensdénonce les violations de l’État de droit sur le continent. À ce sujet, Lucas souligne la situation inquiétante en Pologne où des zones anti-LGBT sont déclarées sur la majorité du territoire, et sur laquelle Bruxelles ne réagit pas ou peu. 

Toujours est-il que jamais le continent européen n’avait connu une si longue période sans guerre, le marché unique de l’Union Économique permet une liberté de circulation hors du commun et ses nombreux programmes interculturels tel qu’Erasmus+ permettent à ses étudiants de bénéficier d’une expérience à l’étranger.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Total
0
Share