Un contexte migratoire rude
Depuis le début de l’année, la question migratoire refait surface dans le débat public européen. En effet, depuis quelques années, l’Europe fait face au plus important flux migratoire connu dans l’époque contemporaine depuis la Seconde Guerre mondiale. Si les migrants espèrent rejoindre l’Europe pour fuir guerres, régimes dictatoriaux, pauvreté ou persécution, la réalité est bien moins idyllique. Les réseaux de passeurs ne cherchent qu’à accroître leurs bénéfices et cela, en dépit des droits humains.
Un réseau, parmi tant d’autres, démantelé
Mardi 16 novembre, un réseau de passeurs de migrants a été démantelé par l’Ocriest (l’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre). L’enquête débute en octobre 2020, lorsque la police aux frontières (PAF) obtient des informations sur un réseau de passeurs vietnamiens. Quelques jours après, un des membres est identifié. Suite à cela, 15 personnes sont arrêtées. Le réseau est international : certains passeurs sont Pakistanais, d’autres Roumains ou encore Vietnamiens et avec à leur tête, un Irakien-kurde déjà condamné pour des faits liés aux “transports” illégaux de migrants.
Lors des perquisitions, plus de 100 000 € en liquide ainsi que des faux papiers ont été retrouvés.
Un réseau structuré et organisé
L’enquête a déterminé un réseau international structuré et organisé. En effet, cette organisation – qui montait en puissance depuis un an – possédait quatre bateaux de type Zodiac, acheminés en Chine, et pouvant transporter jusqu’à 60 personnes. Chaque mois, quatre traversées de la Manche étaient organisées. C’est donc au moins 250 personnes par mois qui traversaient la mer pour rejoindre la Grande-Bretagne. Chacune des traversées rapportait aux organisateurs 74 000 €, soit un chiffre d’affaires s’élevant à trois millions d’euros par an.
Ces bénéfices obtenus grâce au trafic d’humains s’expliquent par le coût considérable qu’un individu désirant rejoindre la côte britannique devait verser. En effet, celui-ci rejoignait l’eldorado britannique pour l’importante somme de 6 000 €. Ce prix, appelé par les trafiquants le “pack”, incluait la prise en charge de l’individu depuis son pays d’origine, son transfert vers l’Allemagne puis Paris, son arrivée sur les bords de la Manche, et enfin, la dangereuse traversée de la mer.
Ce réseau de passeurs s’apparente tel un réseau de trafic de drogue : tout était calculé et prévu. Par exemple, des voitures ouvraient le chemin pour anticiper les éventuels contrôles routiers. Le réseau faisait également appel à des logeurs, pour héberger les migrants en attente de leur départ. Cette filière est considérée comme dangereuse puisque les trafiquants sont généralement armés et violents.
À ce jour, 15 personnes ont été arrêtées et 13 d’entre-elles sont actuellement en détention provisoire. Les trafiquants risquent entre 3 et 7 ans de prison – peine jugée peu dissuasive selon certaines figures politiques et juridiques.
Une forte mobilisation des forces de l’ordre
Ce démantèlement a mobilisé une centaine de policiers ainsi que l’aide du Raid et de la BRI (Brigade de Recherche et d’Intervention). Le travail entre Paris et Londres, actuellement en tensions face aux menaces migratoires, a été jugé remarquable et réussi pour cette affaire.
Cependant, la dissolution de cette organisation est loin de mettre un terme au trafic de migrants. Depuis le début de l’année, 1 700 traversées de la Manche (dont 750 réussies) ont été recensées. Face à la hausse de la migration en Europe, des solutions sont attendues et nécessaires. La crise migratoire n’a donc fini de faire parler d’elle…
