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Affaire Bygmalion : Un scandale qui coûte un an de prison ferme à Nicolas Sarkozy

Coline Blouin

Coline Blouin

Actuellement en master langues étrangères, relations internationales et stratégies politiques, j'ai toujours été passionnée par la lecture et l'écriture. Décrire l'actualité est donc une façon pour moi de partager mon intérêt pour les questions politiques internationales.
Ce jeudi 30 septembre, l’ancien Président de la République, Nicolas Sarkozy, est condamné à un an de prison ferme dans l’affaire Bygmalion. Ce scandale politico-financier, aussi appelé l’affaire des comptes de campagne de 2012, accuse l’ancien Président de « financement illégal de campagne électorale ». En subissant la peine maximale, Nicolas Sarkozy devra être en détention à domicile sous surveillance électronique. 

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Nicolas Sarkozy arrivant pour son audition au procès du financement illégal de campagne pour l'élection présidentielle de 2012. (Eric TSCHAEN/REA)
Retour sur l’affaire Bygmalion et la campagne électorale de 2012 

Nous sommes en 2012, à l’aube des élections présidentielles. Ces dernières opposeront Nicolas Sarkozy de l’UMP (Uni pour un mouvement populaire) à François Hollande du PS (Parti socialiste). Pour assurer le bon déroulement de sa campagne électorale tardive, Nicolas Sarkozy décide de faire appel à une société de conseil en relations publiques et communication : Bygmalion, via sa filiale Event & Cie. Grâce à leur travail conjoint, le candidat à la présidentielle réussit à prononcer des dizaines de discours pour convaincre ses électeurs, et ce dans un rythme effréné. 

Cependant, ces apparitions publiques ne sont pas sans conséquences. Ce sont de lourdes factures que doit payer l’UMP afin de financer la campagne de N. Sarkozy. Mais les comptables chargés de s’occuper de la gestion des dépenses alertent rapidement les membres du Parti. D’après eux, le plafond des dépenses pour la présidentielle, fixé à 22,5 millions d’euros, est largement dépassé. En effet, le montant du financement s’élèverait à 42,8 millions d’euros. 

C’est à ce moment-là qu’un système de fausses factures est mis en place. Le but étant de facturer des prestations à Event & Cie afin de camoufler les montants officiaux de la campagne de Nicolas Sarkozy. La filiale accepte de sous-estimer le montant des factures des prestations. De plus, une double comptabilité est mise en place par la société Bygmalion avec trois montants distincts. En premier, le montant réel de la prestation fournie, ensuite le montant « officiel » noté sur les comptes de la campagne. Enfin, était inscrite la différence entre ces deux montants. Celui-ci correspondait au montant pris en charge par le parti de l’UMP. 

Mise au grand jour du scandale 

C’est seulement deux ans après que le scandale éclate. C’est dans la une du journal Le Point, qu’un article paraît avec en gros titre : « Sarkozy a-t-il volé ? L’affaire Copé ». Cependant, l’analyse de Le Point est rapidement considérée comme erronée. En effet, Jean-François Copé, ne sera jamais mis en examen dans l’affaire Bygmalion. Mais ce premier article a mis le feu aux poudres et semé le doute dans les esprits de chacun. 

Quelques mois plus tard, c’est le journal Libération qui décide de s’emparer de l’affaire. Ils ont eu accès aux factures réglées par l’UMP à Event & Cie. Ici, cet hebdomadaire soulève la question de frais dissimulés et de coûts sous-estimés. L’affaire remontre aux oreilles du parti, où certains représentants tentent d’expliquer les faits. 

Les factures de la campagne présidentielle n’ont jamais été retrouvées. Mais les enquêteurs ont pu appuyer leur propos grâce à une clé USB sur laquelle figurait le système de double comptabilité. Commence alors une longue série de procès. Le chef d’accusation principal contre Nicolas Sarkozy  est celui de « financement illégal de campagne électorale ». Ceci est considéré comme un délit aux yeux de la loi selon l’article 113-1 du code électoral.

Procès et condamnation d’une figure politique 

Ce jeudi 30 septembre, Nicolas Sarkozy devait donc comparaître devant le juge afin de répondre de ses actes. Malgré son absence lors du procès, l’ancien Président de la République, a été condamné à un an de prison ferme pour « financement illégal de campagne électorale ». En effet, le juge d’instruction reproche à N.Sarkozy d’avoir ignoré les mises en garde budgétaires de son expert-comptable. Au lieu de cela, ce dernier aurait préféré accélérer le rythme de sa campagne. 

Au-delà de la comparution de N.Sarkozy, quatorze autres prévenus seront appelés à la barre. Sont soupçonnés : l’équipe de campagne, les cadres de l’UMP, la société Bygmalion et les experts- comptables du cabinet Akelys. Chacun est soupçonné d’avoir participé à cette dissimulation frauduleuse ou bien d’en avoir eu connaissance sans alerter personne. Les chefs d’accusation sont les suivants : faux et usage de faux, abus de confiance et escroquerie. 

Le principal intéressé se défend en mettant en avant le principe « non bis in idem ». Autrement dit, ce principe indique qu’une personne ne peut être jugée deux fois sur les mêmes faits. Selon N.Sarkozy, il aurait déjà été condamné pour ces faits en 2013 lorsqu’il avait subi des pénalités financières pour avoir dépassé le plafond de financement. Cependant, la Cour de cassation a refusé en 2019 d’annuler le procès en expliquant que ces pénalités concernaient un dépassement de seulement quelques centaines de milliers d’euros. Ce qui est loin d’être comparable face aux millions d’euros dissimulés lors de cette campagne. 

En ayant déjà été condamné en mars dernier, Nicolas Sarkozy est devenu le premier ancien Président de la Vème République à être condamné à de la prison ferme. Mais ce dernier ne souhaite pas en rester là et fait appel pour ses deux condamnations. 

Soutien des électeurs 

Malgré le résultat du procès, cela n’a pas empêché N.Sarkozy de se rendre le samedi 2 octobre à sa séance dédicace pour la sortie de son nouveau livre. Là-bas, de nombreux électeurs et partisans lui témoignent leur soutien en compatissant face à la situation. La majorité de ces personnes sont convaincues de l’innocence de l’ancien Président. Ce dernier, ému, se confesse : « j’ai reçu des milliers et des milliers de messages de soutien.» et ne cesse de répéter qu’ « ils ne sont pas dupes, ils ont compris » en parlant de ses partisans. 

Plusieurs hommes politiques ont également témoigné leur soutien. C’est le cas notamment du Premier Ministre actuel, Jean Castex. Celui-ci a, de manière publique, manifesté son « amitié » et son « affection à titre personnel » face à la situation. Témoignage que N.Sarkozy a su remercié : « Cela m’a fait très plaisir, ça ne m’étonne pas de lui », explique-t-il à un journaliste lors de sa séance dédicace. En attendant une nouvelle décision du juge, Nicolas Sarkozy devra se montrer patient pour connaître le fin mot de cette histoire.

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