Portrait de Roman Protassevicth, ennemi d’Etat de la Biélorussie
Âgé de seulement 26 ans, Roman Protassevitch est un jeune journaliste biélorusse. Ce dernier acte et se bat contre le régime dictatorial de la Biélorussie. Né lors de l’ascension d’Alexandre Loukachenko, Roman grandit dans la terreur et l’autorité. Très jeune, il décide de s’engager contre ce régime afin de faire changer les choses. Déjà à l’époque, ce dernier prenait des risques en s’affichant avec l’opposition. C’est un pari risqué dans un pays où la répression est plus souvent utilisée que l’écoute et la tolérance.
La police l’arrête une première fois alors qu’il n’a que 17 ans. À cette époque il demande le boycott des élections législatives de septembre 2012 avec pour slogan : « Nous sommes fatigués de Loukachenko ». Quelques temps après, son université de journalisme l’exclut pour des raisons similaires. Malgré cela, Roman Protassevitch continue de pratiquer le journalisme, et ce, pour l’opposition.
Depuis novembre 2 020, Roman Protassevitch est poursuivi pour « terrorisme ». Son pays l’accuse « d’incitation au désordre public et à la haine social » et d’être « impliqué dans une activité terroriste ». Son désir de critiquer le gouvernement est très mal vu, notamment par Loukachenko. En tant que journaliste de l’opposition et réfugié politique, cette arrestation est perçue par le grand public comme une menace contre le journalisme indépendant.
L’Union Européenne réagit
Dimanche, alors que l’avion reliant Athènes à Vilnius volait, les autorités biélorusses décident d’envoyer des chasseurs aériens afin d’arrêter ce vol commercial. La raison est simple: il suspectent la présence d’une bombe. Mais, à l’atterrissage, on ne retrouve aucune bombe à bord de l’avion. Cependant, les autorités arrêtent deux passagers : Roman Protassevitch et sa compagne. De plus, ce vol compterait parmi ses passagers des agents du KGB. Ces derniers auraient embarqué de manière volontaire et réfléchie. Ceci impliquerait alors la Russie dans cette arrestation.
Cet événement provoque des réactions en chaîne chez les voisins européens. À l’atterrissage de l’avion à Vilnius, les partisans de l’opposition montrent leur soutien face à ce qui vient de se passer. L’Allemagne, dans un premier temps, demande des « explications immédiates » des autorités biélorusses, pendant que le Premier Ministre polonais qualifie cette arrestation de « terrorisme d’État ». De son côté, Jean-Yves le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, désigne ceci comme « inacceptable » .
L’ensemble des pays européens considère que cette arrestation forcée et volontaire est un acte de « piraterie d’État ». De plus, ils estiment que cela représente une atteinte à la vie et la sécurité des passagers civils de ce vol. C’est pour ces raisons que l’Union Européenne décide de se mobiliser afin de libérer Roman Protassevitch et sanctionner la Biélorussie pour ses actes. De son côté, le pays concerné ne considère pas cela comme un acte frauduleux. Bien au contraire, pour la Biélorussie, ceci n’est pas illégal. Ils respecteraient les lois régissant l’espace aérien. Ils expliquent même qu’ « il n’y a aucun doute que les actions de nos organes compétents étaient en conformité avec les règles internationales ».
Sanctions aériennes de la Biélorussie
Malgré les dires de la Biélorussie, les autres pays européens souhaitent sanctionner cette arrestation. Ainsi, ce mercredi se tenait une assemblée urgente en sommet à Bruxelles afin de départager les avis de chacun et prendre une décision rapide. Le Président biélorusse Alexandre Loukachenko, déjà sous sanction européenne suite à des atteintes aux droits humains, risque une lourde peine. En effet, ce dernier, depuis le 9 août dernier, cumule son sixième mandat consécutif. En Biélorussie, des mouvements de résistance contestent le pouvoir de Loukachenko. Mais les autorités répriment et étouffent chacun de ces mouvements.
À l’heure actuelle, parmi les actions envisagées, figure la suspension des survols du territoire biélorusse par les compagnies aériennes. On compte également l’interdiction pour la compagnie biélorusse Belavia d’atterrir dans un aéroport de l’UE ainsi que la suspension des transits aériens et terrestres entre la Biélorussie et l’Union Européenne.
Et qu’en est-il du sort de Roman Protassevitch ?
Quant au journaliste, il risque une lourde peine également de la part de la Biélorussie. Les réactions sont vives concernant ce sujet, et ce, partout dans le monde. Le Président des États-Unis témoigne son soutien en demandant la libération immédiate de ce jeune journaliste. Il invoque le fait que, pour lui, cette arrestation n’est autre que « des attaques contre l’opposition politique et la liberté de la presse ». Malgré le fait que la peine maximale existe encore en Biélorussie, il semblerait que Roman Protassevitch risque jusqu’à quinze ans de prison.
En attendant, Reporters Sans Frontières (RSF) annonce porter plainte contre le gouvernement biélorusse. Cette organisation dénonce cet acte et le qualifie de « détournement à des fins terroristes ». C’est pour ces raisons qu’ils décident d’ouvrir une enquête pénale et internationale. Selon eux, cette arrestation à pour but d’intimider les journalistes biélorusses, la censure leur permettant de « contrôler » la circulation de l’information dans leur pays. Alors que l’Europe entière demande sa libération immédiate, Roman Protassevitch doit, de son côté, attendre son jugement…
