Béchir Ben Yahmed naquit à Djerba en 1928, dans un Tunisie au diapason du protectorat français. Jeune, il s’engage très vite dans le combat pour l’indépendance de la Tunisie et rejoint les rangs d’Habib Bourguiba qui lui confiera le poste de secrétaire d’État à l’information alors qu’il n’est seulement âgé que de 28 ans.
En 1956, il va d’abord créer un premier magazine nommé l’Action. Se passionnant pour le journalisme, il décide de quitter ses fonctions au sein du gouvernement tunisien pour fonder Afrique Action en 1960 qui est rebaptisé Jeune Afrique. Il s’envole pour Paris et y implante les locaux de son journal qui a réussi à devenir une incontournable référence, conformément à ses rêves. Il est le premier journal francophone d’Afrique au niveau des diffusions et connaîtra de grandes plumes comme celle de Franz Fanon.
Anticolonialiste assumé, Béchir Ben Yahmed est un journaliste et éditorialiste qui aura la chance de rencontrer les grands personnages de son époque comme Nasser, Che Guevara, Lumumba, Ben Barka et Ho Chi Minh. Il réussit à faire face aux difficultés que rencontre le magazine en le gérant tel un chef d’orchestre.
Dans les années 2000, ses fils Amir et Marwane prennent la relève de leur père, épaulés par François Soudan pour mener à bien l’avenir de Jeune Afrique.
Béchir Ben Yahmed laisse le souvenir d’un homme passionné par son continent, engagé contre le despotisme colonial, mais aussi celui d’un homme qui a voulu raconter l’Afrique en faisant vivre son actualité. On gardera dès lors en mémoire, le souvenir d’un homme bon et d’un battant qui n’a jamais cédé aux pressions politiques à son encontre.