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Justice : pourquoi augmenter le nombre de places en prison ?

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Pour lutter contre « l’insécurité », les candidats au Congrès des Républicains proposent tous la création de nouvelles places de prison. Pourquoi un tel consensus ?

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Entourée des aspirants à la fonction suprême, Ruth Elkrief poursuit sur le thème de la justice, lundi 8 novembre sur LCI. « Tous, vous voulez construire de nouvelles places de prison. Globalement, 20 000 pour tous les trois, Michel Barnier, Xavier Bertrand et Valérie Pécresse… ». « Moi, un peu plus ! » clame fièrement Eric Ciotti. « Vous, vous voulez aller jusqu’à 100 000 », lui répond la journaliste.

Le système carcéral en France : où en est-on ?

D’après les statistiques du Ministère de la Justice, la France compte 82 932 écroués dont 69 173 détenus pour 60 372 places de prison. La densité carcérale représente donc 114,6%. L’enjeux se dessine tout seul : il se nomme la surpopulation carcérale. En conséquence, créer de nouvelles places de prison semble la solution évidente. Dans son programme présidentiel de 2017, Emmanuel Macron proposait la construction de 15 000 places de prison supplémentaires pour palier ce problème. Au presque-terme de son quinquennat, quel bilan peut-il afficher ? 

Dans une récente interview à FranceInter, le Ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti vantait ses résultats. Selon le Garde des Sceaux, « 2 000 places sont sorties », bien loin des 15 000 promis. Mais l’ancien avocat complète « 4 000 sont en chantier et sortiront…en 2022. 1 000 : premiers coups de pelleteuses (…). Cela fait 7 000/8 000 places : nous avons signé les terrains (…) Ca fait 15 000. ». Grâce à ce calcul astucieux, le Président de la République défendra, en temps voulu, sa politique sécuritaire. 

Une solution à l’insécurité et à la surpopulation carcérale ?

Selon les concurrents de l’ex-UMP, de nouvelles places de prison riment avec une exécution effective des peines et donc une diminution de l’insécurité. Qu’en est-il vraiment ? Cet été, dans une enquête réalisée par Le Figaro, le quotidien révélait la « Hausse spectaculaire des violences en France », et ce, malgré l’accroissement des places de prison et celui de la population carcérale. Selon les chiffres du Ministère de l’Intérieur, les homicides, les coups et blessures volontaires, ou encore les violences sexuelles ont augmenté entre 2017 et 2020. Le Livre blanc sur l’immobilier pénitentiaire, réalisé par Jean René Lecerf en 2017, insiste dès les premières lignes sur l’importance de « dynamiser la politique d’alternatives à l’incarcération et d’aménagements de peines ». En d’autres termes, la prison n’est pas toujours la solution. 

Ensuite, malgré la condamnation de la Cour européenne des droits de l’homme pour « traitements inhumains ou dégradants », le pays conserve son retard. Autrement dit, la construction de nouvelles places de prison ne remédie pas à la surpopulation carcérale, c’est-à-dire aux conditions de vie désastreuse des détenus. D’après les statistiques pénales annuelles du Conseil de l’Europe, l’hexagone a la cinquième densité carcérale la plus élevée du vieux continent. Le Livre blanc sur le surpeuplement carcéral du Conseil de l’Europe, publié en 2016, prétend même que « …le taux de population carcérale augmente à la suite de la construction intensive de prisons » puis confirme : « …la construction ou la reconstruction de prisons ne constitue qu’une mesure parmi beaucoup d’autres pour lutter contre le surpeuplement carcéral et que l’accent devrait plutôt être mis sur les mesures alternatives à la détention et sur un moindre recours à l’incarcération ». 

Une idée partagée par les français

Qu’en est-il de l’opinion des français ? Selon un sondage réalisée en 2018 par l’IFOP en partenariat avec la Fondation Jean Jaurès, à la question “Selon vous, la prison doit-elle avant tout… ?“, les français répondent en majorité : “Priver les détenus de liberté“, plutôt que “Préparer la réinsertion des détenus dans la société”. Ainsi, la prison ne représente plus le moyen de “payer sa dette à la société” mais le moyen d’éloigner physiquement les délinquants et criminels de celle-ci afin de la rendre moins dangereuse. Le consensus est justifié : les français partagent l’idée des candidats au Congrès des Républicains.

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