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Le PKK : Source de tensions entre Washington et Ankara

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Drapeau PKK Turquie

Lundi 15 février, les tensions entre Washington et Ankara ont été ravivées après l’exécution de treize membres de sécurité turcs, dont les corps sans vie ont été retrouvés dans une grotte au Nord de l’Irak, où ils étaient tenus en captivité depuis plusieurs années. La Turquie a accusé les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) d’avoir exécuté treize de ses ressortissants, tandis que ces derniers affirment qu’ils ont été tués dans un bombardement orchestré par l’armée turque.

Recep Tayyip Erdogan dénonce de plus la « faible réaction » de Washington et accuse les États-Unis de soutenir les « terroristes » kurdes du PKK. Le Président turc disait ainsi lors d’un discours : « Les déclarations des États-Unis sont déplorables. Vous dites ne pas soutenir les terroristes, mais vous êtes bel et bien à leurs côtés ». Washington de son côté a affirmé « déplorer » ces morts et a déclaré dans un communiqué que « si les informations sur la mort de civils turcs aux mains du PKK, une organisation classée terroriste, se confirment, nous condamnons ces actions dans les termes les plus forts ».

Les déclarations d’Erdogan soulignent ainsi la grande méfiance d’Ankara à l’égard des États-Unis, avec qui la question kurde est un principal point contentieux. En effet, si les États-Unis reconnaissent le caractère « terroriste » du PKK, ils soutiennent cependant des milices kurdes étroitement liées à ce parti en Syrie.

La Turquie, qui mène actuellement dans le Nord de l’Irak une opération contre les partisans du PKK considérés comme « terroristes », a augmenté la pression sur le parti pro-kurde (HPD), et a procédé à l’arrestation de 718 personnes, notamment parmi les dirigeants du parti. Ces actions font échos avec la répression de plus en plus marquée de la communauté kurde en Turquie depuis une dizaine d’année.

Les Kurdes, étant un peuple dépourvu d’État, sont présents dans plusieurs États du Moyen-Orient, dont la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran. Depuis la chute de l’Empire Ottoman à la fin de la Première Guerre mondiale, la communauté kurde a sans cesse revendiqué la création d’un Kurdistan ; idéal qui leur avait été promis, puis démoli par le Traité de Lausanne en 1923. Le rêve d’un grand Kurdistan s’est donc évaporé, mais a été ravivé dans les années 1980 en Turquie, sous l’impulsion d’Abdullah Öcalan et la création du PKK.

Depuis le début des années 2000, le peuple Kurde défend sa cause plus intensément à travers ses forces armées, que ce soit le PKK en Turquie ou le YPG en Syrie. Ces milices armées, vues d’un très mauvais œil par les acteurs régionaux, sont d’ailleurs considérées comme « terroristes » par une grande partie de la communauté internationale.

La communauté internationale occupe cependant une position assez ambiguë vis-à-vis du peuple kurde. Si d’un côté, certains pays y dénoncent le caractère terroriste de certaines des milices kurdes, ils soutiennent d’un autre côté le Peshmergas ou encore le YPG, qui sont les principaux acteurs de la lutte contre Daesh dans la région. Le Peshmergas, armée Kurde de plus de 350 000 soldats, reçoit ainsi des donations en équipement et en armement léger de la part de plusieurs pays européens. Cette politique occidentale est extrêmement mal vécue par Ankara, qui accuse les pays occidentaux de soutenir des groupes liés au PKK.

Les États-Unis notamment combattaient l’État islamique aux côtés des Kurdes dans le Nord de la Syrie depuis la politique de rapprochement de Barack Obama. Mais depuis le retrait des troupes américaines de la frontière turco-syrienne en 2019, les Kurdes se sont retrouvés seuls face à plusieurs ennemis. La politique de retrait de Washington laissant non seulement à la Turquie la voie libre pour les réprimer, mais aussi l’occasion de s’imposer dans la région du Sinjar, encore majoritairement sous le contrôle du PKK.

L’équipe de Joe Biden, étant majoritairement composée des membres de l’ancienne équipe de Barack Obama, n’est pas bien perçue par la Turquie, qui tente ainsi de mettre la pression sur son partenaire américain pour rompre ses liens avec les milices kurdes. Reste à voir si cette pression aura l’effet escompté par son protagoniste sur les États-Unis, ou si au contraire Washington va parvenir a réaffirmé sa politique de rapprochement…

Louis Brand – 18/02/21

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