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Manifestations en Colombie : que se passe-t-il véritablement ?

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Coline Blouin

Actuellement en master langues étrangères, relations internationales et stratégies politiques, j'ai toujours été passionnée par la lecture et l'écriture. Décrire l'actualité est donc une façon pour moi de partager mon intérêt pour les questions politiques internationales.
Depuis fin avril, la Colombie est en proie à de violentes scènes de manifestations au cœur de la Capitale. Plusieurs milliers de colombiens ont décidé de se mobiliser afin de lutter contre une réforme fiscale gouvernementale. Selon les habitants, elle désavantagerait une majorité de la classe moyenne. La situation sanitaire actuelle rend cette réforme inadaptée. Le Président Ivan Duque, à la tête de cette loi, doit donc prendre des mesures afin de calmer les mouvements sociaux colombiens.

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Manifestation à Bogota contre le projet de réforme fiscale le 1er mai 2021. Juan BARRETO AFP
Manifestation à Bogota contre le projet de réforme fiscale le 1er mai 2021. Juan BARRETO AFP
Un contexte fragile 

Ivan Duque, Président de la Colombie depuis 2018, souhaite adopter une réforme fiscale gouvernementale. Son objectif serait d’augmenter les impôts afin de financer la lutte contre la Covid-19. Ce plan de relance à long terme a pour but d’élargir la base de collecte d’impôt et de la TVA. De plus, cette réforme souhaite taxer les revenus salariaux supérieurs à 656$. Ce plan de relance est donc perçu comme impopulaire. C’est notamment ce que pense la classe moyenne colombienne, puisque à priori, ce serait elle qui serait la plus touchée. En effet, la situation sanitaire actuelle fragilise considérablement cette partie de la population.

Cependant, d’autres raisons provoquent ces violences, la réforme fiscale n’en est pas la seule cause. En effet, le contexte sanitaire provoque depuis maintenant plus d’un an et demi une crise sociale et économique très importante. Les colombiens sont épuisés et doivent supporter le poids des dettes financières accumulées en raison de cette pandémie. Depuis la Covid-19, le taux de chômage est passé de 12,6% en mars 2020 à 15,9% en février 2021 selon la DANE (Direction administrative nationale des statistiques). Près de 40% de la population vit à l’heure actuelle en dessous du seuil de pauvreté. 

De plus, une réforme de santé envisagée par le gouvernement colombien inquiète sa population. Selon le ministère de la Santé, cette réforme permettrait « l’amélioration de la qualité et de l’accès aux services, en promouvant l’équité dans un cadre de durabilité. » Une libéralisation et régionalisation du secteur de la santé sont prévues. Malgré tout cela, pour certains cette réforme serait impopulaire. C’est le cas de l’opposition, notamment du sénateur Jorge Enrique Robledo. Ce dernier explique que cette loi serait semblable au système de santé Américain. De cette manière, les assurances-santés privées profiteraient de la situation, ce qui renforcerait leur monopole. 

Multiplication des violences et intervention agressive de la police 

À la suite du projet de réforme fiscale, les habitants des grandes villes colombiennes sont descendues dans les rues pour manifester. Depuis le 28 avril, ces protestations n’ont pas cessé. À l’origine, les manifestations sont restées sensiblement pacifiques, souhaitant simplement montrer leur mécontentement face à ce plan de relance. Cependant, la violence et l’agressivité se sont très vite installées et amplifiées dans les rangs des manifestants. 

Très vite submergé par ces manifestations, le gouvernement colombien décide d’envoyer la police dans les rues afin de calmer les choses. Mais rien de tout cela ne fonctionne. Certains habitants filment de graves scènes de violences entre les policiers et les manifestants. Au bout de seulement quelques jours, on dénombre déjà 26 morts, 761 arrestations arbitraires et 56 cas de personnes portées disparues pendant les manifestations. À partir du 1er mai, le Président colombien décide de déployer l’armée. Cette décision ne fait qu’attiser la colère du peuple, redoublant alors les violences envers les policiers et les militaires.


Un manifestant touché par un cocktail Molotov lors d’affrontements avec la police, pendant une manifestation contre un projet de réforme fiscale, à Cali, en Colombie, le 3 mai 2021.• Crédits : LUIS ROBAYO – AFP

Alors qu’Ivan Duque appelle à un cessez-le-feu en décidant de retirer son projet de réforme, les manifestations se calment quelque peu. Mais, le 14 mai, les évènements ont de nouveau dégénéré suite à l’arrestation d’une jeune fille de 17 ans. Des policiers l’auraient conduite de force au bureau du procureur. Ces derniers lui auraient alors immobilisé les mains et les pieds. De graves accusations sont portées à l’égard de ces policiers, les accusant d’avoir battu cette jeune fille et de lui avoir fait subir des attouchements. Le jeudi soir, l’adolescente se suicide à son domicile. Ce suicide redouble la colère des manifestants.

Depuis mi mai, la colère des colombiens ne cesse d’augmenter. Ivan Duque souhaite ouvrir la discussion avec le peuple pour réviser la réforme. Il s’engage à supprimer les points les plus contestés. Malgré cela, la Colombie est meurtrie par ces actes de violences. De nombreux commissariats sont brûlés, des magasins cassés, des gens blessés. Début mai, le ministre des finances décide même de démissionner expliquant : « mon maintien au gouvernement rendrait difficile l’édification rapide et efficace des consensus nécessaires ». 

 Réactions mondiales 

Au début de ces manifestations, la presse mondiale a très peu évoqué les évènements violents qui se déroulaient en Colombie. Certaines ONG colombiennes ont tenté de dénoncer ces violences, sans succès. Cependant, suite à la diffusion de plusieurs vidéos, la presse a pris la parole. Ainsi, le monde commence à savoir ce qui se passe actuellement en Amérique latine. 

Après la diffusion de vidéos choquantes sur la toile, des milliers d’internautes ont relayé l’information, afin de témoigner de leur soutien face à ces tragédies. De plus, l’ONU, l’Union Européenne, les États-Unis et des ONG mondiales ont appelé au calme et à l’arrêt de ces violences. Ils tentent de dénoncer la répression des manifestants qui ont provoqué des dizaines de morts et des centaines de blessés en l’espace de quelques semaines. 

À l’heure actuelle, les manifestations continuent encore. Le Président Ivan Duque exige la levée des barrages routiers afin d’avoir un retour à la normale. La majorité des manifestants sont des jeunes, la plupart étudiants, tous engagés. Chacun d’eux demandent une meilleure politique de santé et d’éducation. C’est pour cela qu’ils souhaitent continuer à manifester, souvent dans la violence. Aujourd’hui de plus en plus de personnes influentes décident de prendre la parole, chacun d’eux condamnant l’usage de la force et des forces armées. Ils qualifient ceci comme « une militarisation de la vie politique et sociale ». 

Le Président colombien continue de demander à rencontrer le comité national de grève afin de trouver une solution immédiate et arranger les choses. À seulement un an des élections présidentielles qui auront lieu en 2022 en Colombie, Ivan Duque se doit de trouver une réponse aux attentes de son peuple, et ce le plus rapidement possible. 

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