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Crise migratoire à la frontière polonaise/biélorusse : quel impact pour l’Union européenne ?

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Aux portes de l’Union Européenne, une crise migratoire de grande ampleur se joue depuis plusieurs mois. Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants affluent à la frontière polonaise/bélarusse avec l’objectif d’entrer dans l’espace Schengen. Pour la députée européenne Fabienne Keller, cette crise humanitaire est instrumentalisée par le régime biélorusse pour faire pression sur l’Union Européenne.

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Une famille dans un camp de fortune à Grodno près de la frontière entre le Bélarus et la Pologne, le 13 novembre 2021. (©BELTA/AFP/Leonid SHCHEGLOV)

Accompagnée de collègues parlementaires, l’eurodéputée et ancienne maire de Strasbourg s’est rendue le 1er décembre à la frontière polonaise/bélarusse. Le 1er décembre est une date symbolique car il s’agit du « premier jour de la fin de l’état d’urgence décrété par le gouvernement polonais qui interdisait à toutes personnes non autorisées à entrer dans la zone frontalière » souligne la députée européenne. En effet, le 2 novembre dernier, la Pologne a instauré l’état d’urgence le long de sa frontière. Véritable zone de non-droit où la présence des journalistes et des ONG est interdite.  

Un déplacement en Pologne pour rendre compte d’« une situation complètement anormale en Europe et non légale »

Encore aujourd’hui pour pénétrer dans la zone frontalière longue de plus de 400 kilomètres et regroupant pas moins de 183 communes rurales, il est nécessaire d’obtenir un laisser-passer. Fabienne Keller dénonce : « une situation complètement anormale en Europe et non légale ». Elle se place fermement en faveur d’un état de droit. Cet état d’urgence perturbe la vie des habitants frontaliers. Leur quotidien est rythmé par les contrôles de police et par la peur. L’eurodéputée qui s’est rendue dans la forêt primaire de Bialowieza a pu échanger avec les habitants qui ont souligné « la pression policière et militaire dont ils font l’objet ». La Pologne a, en effet, mis sur pied un nouveau corps composé de jeunes hommes formés en seize jours qui selon les habitants polonais font preuve d’une certaine virulence.

Alors que l’hiver s’installe progressivement, les températures dans cette région de l’Europe peuvent atteindre les -12 degrés. Le paysage polonais commence à se couvrir de neige qui subsistera jusqu’à à la mi-mars. Fabienne Keller exprime son angoisse quant à la survie des migrants : « avec ma collègue hongroise, nous craignons de nombreux décès ». Les autorités polonaises, pour l’instant, ont dressé un bilan de douze morts mais « ma crainte est de découvrir les corps au printemps » affirme la députée européenne.  Elle fait part également de l’appréhension des polonais de voir leur forêt devenir « une forêt de mort ».

Quelle réponse de l’Union européenne face à cette crise ?

Cette crise migratoire fragilise l’Union européenne. Le Premier ministre polonais estime que cette « attaque hybride » (une attaque non militaire) met à mal la sécurité de l’Union européenne. Sa réponse face à la Biélorussie consiste comme l’explique Fabienne Keller « à un gel des avoirs, à des sanctions contre Belavia mais aussi contre les loueurs d’avions qui pour moitié seraient irlandais».  La compagnie Belavia assure, en effet, une partie des vols rapatriant les migrants mais la députée du groupe renew rappelle que des compagnies turques sont aussi impliquées. À ce titre, des négociations ont été menées avec le pays turc pour faire « passer de 28 à 8 vols par semaine ».

Mais ces mesures sont-elles suffisantes ? Doivent-elles être renforcées ? « Oui et non cela fait l’objet de débat chez nous » commente Fabienne Keller. Elle rappelle que « la commission européenne a agi sur plusieurs leviers, les sanctions européennes sont aussi contrebalancées par la Russie qui affiche un soutien marqué à la Biélorussie ». Vladimir Poutine nie toute implication dans la crise migratoire mais il se satisfait de la situation qui révèle les faiblesses de l’Union européenne.

Les flux de migrants, toutefois, semblent faiblir depuis quelques jours : « La monstrueuse manipulation des êtres humains que sont les migrants par les autorités biélorusses se tarie » affirme l’ancienne sénatrice. Elle tient toutefois à mettre en garde : « Il s’agit d’une nouvelle forme de migration qui est organisée en utilisant des personnes comme des armes », et fragilise l’Europe, selon l’eurodéputée. Mais cette nouvelle crise ne doit pas faire oublier « que l’on doit accueillir les migrants décemment et voir s’ils souhaitent déposer une demande d’asile qui est un droit international assuré par la convention de Genève », poursuit-elle.

Cette crise qui fragilise les frontières de l’Union européenne est au cœur du débat politique. Lors de la Conférence de presse organisée à l’occasion de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, le Président Emmanuel Macron a appelé à une réforme de l’espace Schengen pour une « Europe plus souveraine » passant par une capacité « à protéger nos frontières » afin d’éviter « les guerres hybrides ».

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