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Présidentielle 2022 : la course aux parrainages est lancée

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Sophie Bastian

D’ici au 4 mars 2022, la vingtaine de candidats potentiels à l’élection présidentielle devra être en mesure de présenter au Conseil constitutionnel les 500 parrainages nécessaires pour pouvoir pleinement prendre part à la compétition électorale. Si certains poids lourds de la politique ont d’ores et déjà annoncé détenir le précieux sésame pour accéder à l’Elysée, le recueil pour d’autres est plus compliqué.

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Vérification d’identité dans un bureau de vote lors des élections présidentielles de 2017
Vote lors de l'élection présidentielle de 2017 / AFP

Prévu par la loi du 6 novembre 1962, le dispositif de parrainage détermine de façon décisive la capacité à se présenter à l’élection présidentielle. Lors des trois premières élections présidentielles au suffrage direct un parrainage de 100 élus était nécessaire. Le dispositif est réformé en 1976 pour la première fois afin de porter le nombre de signatures à 500 permettant de limiter le nombre de candidats. Le Conseil constitutionnel encadre fortement ce filtrage, les lois organiques de 2016 et 2021 durcissent encore davantage les règles en obligeant à adresser par voie postale les parrainages.

L’opération séduction des élus locaux a commencé, des maires sursollicités

Le tour de France des élus locaux a débuté pour la vingtaine de candidats potentiels à la présidentielle. D’Eric Zemmour à Nathalie Arthaud en passant par Anne Hidalgo qui a déjà annoncé détenir 500 promesses de parrainages, tous débutent l’opération séduction de ce « collège » formé de 42.000 élus que sont les maires, sénateurs, députés, conseillers régionaux et départementaux.

Les maires forment le plus gros vivier, ils représentent environ 34 965 élus. Certains d’entre eux se disent « sursollicités ». Ce sentiment est partagé surtout par les maires de zones rurales qui peuvent recevoir plusieurs fois par semaine des sollicitations. Nombre d’entre eux ont aussi exprimé leur tiraillement entre volonté de faire vivre la démocratie en se positionnant et peur des conséquences du parrainage. Depuis 2016, en effet, la liste des parrainages est rendue public par le Conseil constitutionnel.

Mais pourquoi tant de refus ? Pour certains maires, il s’agit de répondre « au sentiment d’abandon au quotidien » alors que pour d’autres il s’agit d’un refus purement politique. En octobre dernier, près d’une cinquantaine d’élus écologistes et de gauche ont signé le « serment de Romainville » sous l’impulsion de Raphaël Glucksman (Place publique). Par cet acte, ils refusent de parrainer un candidat de gauche tant que celle-ci ne sera pas « unie ».

L’appel des maires d’Éric Zemmour

Sans parti politique et sans réseau d’élus implantés localement, la course aux parrainages s’avère être ardue pour Éric Zemmour. Le candidat qui affirme avoir rassemblé 273 parrainages a lancé un appel à l’aide sur sa chaîne YouTube aux maires de France. Dans sa vidéo, le potentiel candidat exprime son inquiétude de ne pas recueillir le nombre de parrainages requis et dénonce un système qui est fait « pour protéger les gros partis ».  

Éric Zemmour n’est pas le seul à dénoncer le système de parrainage actuel. Marine Le Pen appelle le Président Emmanuel Macron à « supprimer la publication du nom des maires ». La candidate du Rassemblement national est aussi dans une position délicate. Les élections départementales et régionales de 2021 ont affaibli son réseau d’élus locaux. Dans cette course, elle est également confrontée à d’autres candidats du même bord comme Florian Philippot ou encore Nicolas Dupont-Aignan.

Le système de parrainage : une garantie démocratique à bout de souffle ?

Ce système est très souvent critiqué pour son incapacité à faire une place aux candidats des « petits partis » et par la pression qui est exercée sur les maires des petites communes. Nicolas Corato, président de l’institut de recherches politiques Place de la République, estime aux micros de Sud Radio que « ce système ne fonctionne pas ». La question d’une réforme de parrainage est débattue, en effet, depuis une trentaine d’années. Edouard Balladur et Lionel Jospin avaient proposé des réformes qui n’ont pas été menées. Il juge, également, que ce système est « censitaire et pas très démocratique » car il s’agit d’une petite minorité qui a le pouvoir de parrainer un candidat.

L’avocat Philippe de Veulle se place dans la même lignée. Selon lui, l’« anonymat serait de rigueur » afin de mettre fin aux craintes de stigmatisation des maires au sein de l’intercommunalité. Il souligne aussi que ce serait un outil démocratique permettant la libre expression.

Si la question d’une réforme reste pour le moment en suspend en France, Nicolas Corato souligne « qu’il y a plein d’autres systèmes qui ont fait leur preuve à l’étranger » suggérant ainsi de s’inspirer de ce qui est fait chez nos voisins. En Europe, le parrainage citoyen est un modèle qui domine. Ce système conçu comme un complément du parrainage des élus est déjà appliqué au Portugal, en Autriche mais aussi en Finlande ou encore en Slovaquie.

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