Des chiffres impressionnants. Qu’on ne pensait jamais pouvoir atteindre, étant donné que jusqu’à présent, les compteurs semblaient plafonner autour de 9 000 mètres positifs. Comme ce fut le cas pour Kílian Jornet, lors des sept sommets norvégiens de Romsdalen en 2016 ou pour François d’Haene et Philipp Reiter, sur la haute route du Tyrol en 2020.
Pourquoi 21 sommets ?
Les deux compatriotes n’en sont pas à leur première grande traversée. En 2018, ils en avaient déjà effectué une ensemble, de Chamrousse au col du Lautaret (9 000 m D+ et 80 km, en 18h). En 2020, sur le ton de la blague, Brice a proposé d’en réaliser une seconde, de Belledonne, le tout en y ajoutant 20 sommets. Mais avec le confinement, le projet a été reporté, arrivés en 2021, ils ont été obligés d’ajouter un sommet, histoire de rester dans le thème.
Pour les deux skieurs, au-delà de la performance, c’est le plaisir et l’esthétique du tracé qui les poussent à réaliser de tels traversées.
« Ce qui m’intéresse, c’est l’esthétique du tracé. Comme un grimpeur qui va choisir la plus belle ligne, je cherche un itinéraire qui va mobiliser tout mon savoir-faire et mon bagage technique. »
Pierre Gignoux
Une traversée éprouvante
Le périple a débuté le vendredi 23 avril, à 2 heures du matin. Les deux hommes ont bouclé leur parcours en 24 heures. Gravissant les plus hauts sommets de Belledonne, ils ont su également rester lucides lors de leurs sept descentes.
Accompagnés durant toute leur traversée par différents skieurs expérimentés, tels que Thomas Pueyo, Julien Brottet, Baptiste Agnely ou encore Marc Perrocheau, se relayant afin de leur apporter leur aide et leur soutient, les deux alpinistes ont tenu bon. Malgré la difficulté de certains sommets, qu’il a fallu intégralement tracer. Ils se sont notamment fait prendre par la glace dans la face Nord du Crozet, les obligeant à chausser les crampons pour la descente. La neige était parfois « très dure, très irrégulière et super piégeuse » indique Pierre Gignoux.
Arrivés aux Férices, vers 20h et après 18h d’effort intense, ils mettront encore 6h pour rejoindre le col du Grand Cucheron, point final de leur aventure.
La fin du parcours n’a visiblement pas été une partie de plaisir… « La partie jusqu’aux Grands Moulins est particulièrement chaotique et difficile au niveau de l’itinéraire ».
Pierre Gignoux et Brice Filliard résumeront leur exploit de la manière suivante : « C’était souvent raide, très long et très beau. Mais on n’est pas près de recommencer ».
Malgré tout, Pierre Gignoux, vainqueur de la Pierra Menta et désormais équipementier pour les ski-alpinistes, se réjouit de l’impact de ses exploits sur le monde du ski-alpinisme. De plus en plus de personnes s’essayent aux traversées, que ce soit des compétiteurs à la recherche d’adrénaline et de challenge, ou des amateurs n’ayant jamais fait de compétition.
Cette tendance, qui prend de l’ampleur depuis le début de la crise sanitaire, n’est pas près de cesser de faire parler d’elle et d’attirer chaque jour de nouveaux sportifs.