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Suppression de l’ENA par Macron: la fin de la méritocratie ?

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Coline Blouin

Actuellement en master langues étrangères, relations internationales et stratégies politiques, j'ai toujours été passionnée par la lecture et l'écriture. Décrire l'actualité est donc une façon pour moi de partager mon intérêt pour les questions politiques internationales.
Ce jeudi 8 avril, Emmanuel Macron annonce la suppression de l'ENA, l’École Nationale d’Administration. L'Institut du Service Public sera son remplaçant. L’objectif ? Réformer en profondeur la haute fonction publique. Ceci permettrait de rendre plus accessible des études, souvent considérées comme étant réservées à l’élite. Cette réforme prendra effet dès 2022.

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Emmanuel Macron annonçant la suppression de l'ENA
Emmanuel Macron, à l'Élysée, annonçant la suppression de l'ENA en visio-conférence.

L’école de la Seconde Guerre Mondiale 

L’ordonnance du 9 octobre 1945 crée l’ENA, l’École Nationale d’Administration. La République, dirigée par le Général de Gaulle, souhaite démocratiser le recrutement des hauts fonctionnaires grâce à cette école. 

Située à Strasbourg depuis 1991, l’ENA accueille 6 500 élèves, généralement appelés les « énarques ». De nombreuses figures politiques en sortent et jouent un rôle important dans la démocratie française, par exemple, Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac ou encore Emmanuel Macron, tous Présidents de la République. On retrouve également Édouard Balladur et Lionel Jospin, anciens Premiers ministres. 

L’ENA, qui est accessible sur concours, offre la possibilité par la suite d’accéder aux différents corps de la fonction publique. Mais, cette école, dotée d’un certain prestige dans l’enseignement supérieur, est souvent considérée comme inaccessible par la majorité des étudiants. Ainsi, parler de l’ENA va régulièrement de pair avec critiques et remises en question de sa légitimité. « Méritocratie », « technocrates » ou encore « formation d’élitistes » sont les expressions employées pour décrire l’ENA. 

Remise en question de sa légitimité 

La volonté de restructurer l’ENA ne date pas du mandat d’Emmanuel Macron. Elle ne représente pas seulement une réponse aux demandes des Gilets jaunes. En effet, cette dernière est peu représentative de la diversité française. Il est vrai qu’elle est l’outil de la reproduction sociale et favorise peu “l’ascenseur social”.

En novembre 2018, naît le mouvement des Gilets Jaunes. Ces derniers revendiquent une amélioration du niveau de vie des classes moyennes ou encore un référendum d’initiative citoyenne. C’est alors qu’ils évoquent la suppression de l’ENA. Malgré le fait que seulement 5% des énarques se dirigent dans le domaine politique à la fin de leurs études, les Gilets Jaunes considèrent comme juste sa suppression. 

Cependant, la concrétisation de cette promesse faite aux Gilets Jaunes n’est pas au goût de tout le monde. Au sein même du Gouvernement, les avis divergent et restent mitigés concernant cette décision. Beaucoup de ministres ou de députés considèrent cette initiative comme un choix démagogue et populiste. Certains, comme Bruno Le Maire, affiche ouvertement leur soutien face à cette restructuration.

En effet, Bruno Le Maire, actuel Ministre de l’Économie, insiste sur le fait que cette décision soit un changement important dans notre démocratie et l’enseignement. « Cette suppression est un point de départ d’une transformation en profondeur du rapport de l’État français avec la nation » explique-t-il dans son interview sur Sud Radio, ce vendredi 9 avril. Malgré les dires, la suppression de l’ENA ne serait pas véritablement la voie empruntée par le Chef de l’ État : elle serait remplacée par l’ISP, l’Institut du Service Public. 

La volonté d’un changement 

Toujours située à Strasbourg, l’ISP aura pour objectif de recruter des étudiants divers et variés. Leurs profils sociologiques devront davantage être issus des universités. L’intention du Président de la République n’est autre que de lutter contre la reproduction sociale. Nous pouvons nous demander si une procédure similaire à la CEP (convention éducation prioritaire) sera mise en place pour l’ISP. En effet, la CEP permet l’égalité des chances pour entrer dans les IEP (Instituts d’Études Politiques).

Parmi les autres changements, les élèves ne pourront plus décider de leur affectation dans les grands corps de l’État. Ils devront, dans un premier temps, acquérir une certaine expérience. Ceci est possible grâce à des missions opérationnelles et de terrain. Ces compétences les aideront à bénéficier d’une légitimité quelques années plus tard. Comme l’explique un conseiller d’Emmanuel Macron, « le Président ne souhaite pas que des personnes qui n’auraient jamais exercé auparavant » viennent « du haut de leur trentaine asséner des sentences et distribuer des bons et mauvais points ». 

Il semble évident que le désir de notre Chef d’État soit de réconcilier citoyens et sommet de l’État. Pour cela, il souhaite leur donner davantage confiance en leur hauts fonctionnaires. Une majorité de la réforme devra être adoptée d’ici le 7 juin 2021 afin d’être mise en place en 2022… 

lien image : https://www.ledauphine.com/politique/2021/04/08/emmanuel-macron-va-supprimer-l-ena-et-devrait-l-annoncer-ce-jeudi

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