Au programme cette année, un parcours de 257,7 kilomètres ralliant Compiègne au vélodrome de Roubaix. Au total, 55 kilomètres de pavés, soit 500 mètres de plus qu’en 2019, répartis sur 30 secteurs différents. Mais comme si cette difficulté ne suffisait pas, pour cette 118ème édition du Paris-Roubaix, la pluie s’est invitée sur le circuit. Les routes, gorgées d’eau, contenaient pour certaines, jusqu’à 30 centimètres d’eau, lors du passage des coureurs. Cela n’était plus arrivé depuis 20 ans.
Colbrelli’vre une sacrée bataille !
2021 est bel et bien l’année de l’Italie. Quelques semaines après son titre de champion d’Europe, Sonny Colbrelli (Bahrain-Victorius) s’adjuge son premier Paris-Roubaix pour sa première participation à ce « classique ». Cet exploit n’était plus arrivé depuis 125 ans !
Sorti seul du peloton à 84,5 kilomètres de l’arrivée, le coureur transalpin devance sur la ligne Florian Vermeersch (Lotto-Soudal) et Mathieu Van der Poel (Alpecin-Fenix). Il devient ainsi le premier Italien à triompher de l’Enfer du Nord, depuis Andrea Tafi en 1999.
Et pour le reste ?
Grand favori du jour, le Belge Wout Van Aert (Jumbo-Visma) est passé complètement à côté de son Paris-Roubaix. Il passera la ligne en 7ème position, à 1’16 minutes du vainqueur, Sonny Colbrelli.
Gianni Moscon a lui aussi fait le « show ». Dans un jour exceptionnel, l’italien de la formation INEOS Grenadiers était seul en tête à 3 kilomètres de l’arrivée. Mais c’était sans compter sur un double coup du sort. D’abord victime d’une crevaison de la roue arrière, puis d’une chute, il terminera finalement 4ème, à 44 secondes des trois hommes de tête.
Du côté français, sans le récent champion du monde Julian Alaphilippe, les tricolores ont eu du mal à briller sur cette course. Seule éclaircie de la journée, la sixième place (1’16) au classement général de Christophe Laporte (Cofidis).
Deignan pour l’inauguration !
Cette année, le Paris-Roubaix ne rimait pas uniquement avec « retrouvailles ». Il était aussi synonyme de nouveauté. Ce samedi 2 octobre 2021 a eu lieu la première édition féminine de l’Enfer du Nord. 22 équipes féminines étaient présentes au départ à Denain. Au total, les coureuses ont dû parcourir 116,4 kilomètres pour rejoindre Roubaix, dont 29, 2 kilomètres de pavé. Et qui de mieux que la championne du monde 2015 Lizzie Deignan (Trek-Segafredo) pour inaugurer ce tout nouveau format.
Comme son homologue masculin, la Britannique a faussé compagnie au peloton dès le premier secteur pavé, à 82 kilomètres de l’arrivée. Tout simplement trop forte, elle franchit la ligne d’arrivée en solitaire, après presque 3 heures d’efforts. Elle devance la Néerlandaise Marianne Vos (Jumbo-Visma, +1’17) et sa coéquipière, l’Italienne Elisa Longo Borghini (+1’47). La première Française, Audrey Cordon-Ragot (Trek-Segafredo) se classe 8ème, à 2’10 minutes de Lizzie Deignan.
Un « Monument » du cyclisme contrasté !
La grande fête qu’est le Paris-Roubaix a très vite laissé place à la polémique. L’ouverture de cette épreuve aux filles a fait parler, mais pas pour des raisons sportives. Et c’est au niveau des primes de victoire que ça coince. Des néophytes du cyclisme féminin ont constaté de gros écarts entre les hommes et les femmes au niveau financier. Au total, 91 000 € ont été distribués chez les garçons contre 7 005 € chez les filles (13 fois moins). Le second grand écart concerne les vainqueurs. Sonny Colbrelli, grâce à sa victoire lors de cette 118ème édition a empoché 30 000 €. Lizzie Deignan quant à elle, n’a reçu que 1 535 €, soit presque 20 fois moins que son homologue masculin !
Les dotations sont ensuite en chute libre. L’Italienne Elisa Longo Borghini, deuxième, touchera 1 135 € là où le Belge Florian Vermeersch, dauphin de Colbrelli prendra 22 000 €. Audrey Cordon-Ragot, 8ème de l’épreuve et première Française percevra la modique somme de 265 euros. À place égale, le Belge Tom Van Asbroeck touchera 1 300 €.
Une lueur d’espoir !
Mais quand tout va mal, une éclaircie finie toujours par apparaître. Elle s’appelle ici Trek-Segafredo. L’écurie américaine a fait de l’égalité salariale un de ses principes de gestion. Ainsi, les dirigeants de la formation vont verser 28 465 € à Lizzie Deignan, afin que cette dernière touche la même somme que le vainqueur masculin.
Et cela va même plus loin. Pour mettre définitivement fin à ce problème, Marion Clignet, présidente de l’Association Française des Coureures Cyclistes (AFCC), veut mettre en place une solution intermédiaire à cette inégalité. Attention, elle ne parle pas d’égalité. L’écart au niveau économique est encore trop important entre les hommes et les femmes en cyclisme. Pour elle, le mieux, serait d’instaurer un système de dotation au prorata du nombre de kilomètres parcourus.
Vous l’aurez compris, le spectacle aura une nouvelle fois été au rendez-vous cette année. Entre « coups de force » chez les garçons, grande première pour les filles et polémique, cette 118ème édition du Paris-Roubaix restera dans les annales du sport français et du cyclisme en général.
