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Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

Prostitution, richesse et misère à la Foire Internationale de la Photo 

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Bénédicte Le Gall

Diplômée d'une licence en sciences politiques et relations internationales, j'aspire à devenir JRI reporter de guerre spécialisée dans la région du Moyen-Orient. J'écris ponctuellement pour les rubriques politique et culture de CS Actu, l'occasion de partager avec mes lecteurs des articles reflétant mon attrait pour les questions internationales et le milieu artistique.
Du 10 au 13 novembre dernier s'est tenue au Grand Palais Éphémère dans le 7e arrondissement de la capitale, la 25e édition de la Foire Internationale de la Photo Paris Photo.

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Photographie de Lune © Cristina de Middel

Pour l’occasion, plus de 180 exposants originaires d’une trentaine de pays différents ont fait le déplacement. Focus sur deux œuvres singulières qui ont laissé un public ébahi.

La prostitution élucidée

Avec son œuvre « The gentlemen’s club », la photographe documentaire espagnole Cristina De Middel met en lumière les dessous de la prostitution. Sous les yeux des visiteurs : 100 portraits, pour la plupart des hommes mais aussi certaines femmes, avec un point commun : ils sont tous ou ont tous été un jour clients de prostitué(e)s. Sous chaque cliché, un texte expliquant ce qui les poussent à avoir des relations sexuelles monnayées.

L’artiste indique : « Les médias traditionnels présentent la prostitution uniquement comme un business de femmes nues qui vendent leur corps dans des chambres sales. Avec cette série, j’essaie de donner de la visibilité à tout le reste ». Elle ajoute : « En juin 2015, j’ai posté une annonce dans un journal de Rio de Janeiro en proposant aux clients de prostituées de poser pour moi contre une rémunération. Mon intention était de découvrir qui ils étaient, mais surtout d’inverser les rôles : cette fois-ci, c’est les clients qui vendent une part d’eux-mêmes ».

Détails d’une chambre d’un hôtel de passe à Mexico © Cristina De Middel

Sans tabou, les sujets se mettent à nu : nom, âge, situation matrimoniale, ville d’origine, visage, émotions : ils n’ont plus aucun secret pour les visiteurs.

C’est le cas de Nirmal, un homme marié de 30 ans travaillant en tant que livreur. « Nirmal a payé une prostituée pour la première fois à l’âge de 15 ans. Il souhaitait découvrir le sexe, ce qui lui a pris environ 4 sessions avec différentes femmes, payées 100 roupies indiennes la visite. Il a apprécié les séances et y est retourné. Il est à présent marié, donc la fréquence des visites a diminué à deux fois par mois. Il les considère comme des instants de répit vis-à-vis des relations sexuelles qu’il a avec sa femme, qui n’accepte pas certaines des pratiques sexuelles qu’il aime. Tous les mois, il lui donne 8000 des 10 000 roupies indiennes de son salaire, pour qu’elle ne puisse pas se plaindre. ».

Ou encore de Nicolas, célibataire et musicien de 33 ans vivant à Paris : « La première fois que Nicolas a payé pour avoir des relations sexuelles, c’est lorsqu’une femme l’a approché dans un parc alors qu’il rentrait chez lui très alcoolisé. Il a payé 50 euros. Il utilise les prostituées pour avoir une poussée d’adrénaline avant de rentrer chez lui le soir, et pense que cela devrait être déstigmatisé. Il trouve cela injuste que ce soit toujours aux hommes de séduire les femmes. Même sur des sites de rencontre destinées uniquement au sexe, ce n’est pas un rôle qu’il apprécie. Il pense que le sexe et l’attachement émotionnel n’ont rien à voir : c’est la famille, la culture, et la religion, qui ont tout compliqué. ».

Charles ne veut pas dire son âge. Il est ouvrier dans une industrie métallurgique. Il ne s’est jamais marié et a trois enfants. Il rend visite à des prostituées trois fois par semaine. Il a commencé à rendre visite à des prostituées quand il avait 17 ans et que son père l’a emmené dans un club de striptease. Il continue de rendre visite à des prostituées car c’est quelque chose de différent et pense qu’il gagne de l’expérience en visitant ces femmes. © Cristina De Middel

Les riches et les pauvres

D’autres clichés marquants exposés sont issus de la série Rich and poor signé par l’illustre photographe Jim Goldberg. Cette œuvre, qui donne naissance à un livre dédié en 2013, est réalisée entre 1977 et 1985, lorsque l’artiste immortalise les personnes aisées et démunies de San Francisco. Sous chaque photographie, il laisse ses modèles écrire leurs impressions et ressenti vis-à-vis du moment.

Vickie Figueroa titre : « Mon rêve était de devenir professeure. Madame Stone est riche. J’ai du talent mais pas d’opportunités. J’ai l’habitude de me tenir derrière Madame Stone. Je suis une servante depuis 40 ans. ». À elle toute seule, l’image présente la complexité des relations entre les deux classes sociales.  

Photographie de Vickie Figueroa © Jim Goldberg

« C’est un peu nauséabond de vivre dans cet hôtel. Je n’ai rien, juste 10 dollars. Je continue d’attendre que quelqu’un frappe à ma porte et me donne de l’argent, mais personne ne le fera jamais », écrit un jeune homme prénommé Joe, vivant dans la chambre individuelle d’un hôtel de San Francisco en 1984.

Photographie de Joe Peterson © Jim Goldberg

À propos de son travail, Jim Goldberg déclare : « Je ne peux pas laisser partir le désir d’une société où les choses iront vraiment mieux. ».

Photo de campagne pour le lancement de la collection Boyy automne-hiver 2021 © Jim Goldberg

Cette œuvre mondialement connue fait aujourd’hui partie intégrante de son ADN, si bien qu’en 2021, la marque de prêt à porter Boyy le contacte afin qu’il réalise des photographies dans un esprit similaire, cette fois-ci pour mettre en avant sa nouvelle collection Automne hiver. « Rich and poor » : le travail d’une vie.

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