Titane : une quête d’amour novatrice

Un deuxième film très attendu par le public 

Le titane est un métal très résistant à la chaleur et à la corrosion. On l’utilise ainsi pour faire des alliages très durs. Un titre qui s’avère donc directement intriguant et qui trouve progressivement son sens au fur et à mesure du film. La protagoniste, dure, forte, déterminée, fait face à un père laxiste dès son enfance, à la sexualisation extrême dans son lieu de travail. Elle se bat alors avec elle-même pour trouver sa place, trouver son identité en jouant avec les barrières du genre. Elle recherche ainsi de l’affirmation et du soutient. 

La cinéaste admet : « Titane parle d’un personnage féminin, qui se reconnaît en tant que telle, mais qui se dit aussi qu’il est possible de devenir quelqu’un d’autre. En faisant ça, elle devient elle-même ». En tout, malgré l’ambiance gore et les scènes crues, Titane reste une quête d’amour. Certes, une quête d’amour inédite, hors du commun. 

Julia Ducournau, la benjamine de la sélection cette année, revient après une longue pause de 5 ans avec son deuxième film intitulé « Titane ». Après son premier film « Grave », la réalisatrice était en effet très attendue. « Grave », tout comme « Titane » avait divisé la critique. Certains le trouvaient bien trop « trash », certains inattendu et captivant. L’ambiance nauséabonde était à son paroxysme et beaucoup se demandaient si Ducournau allait être à la hauteur pour ce deuxième film. Ce dernier étant première à Cannes, un lieu en principe pas très accueillant pour les films de ce genre. Les doutes étaient donc plus que présents. 

D’autant plus qu’après avoir écrit une première partie du scénario, la réalisatrice affirme avoir rencontré des difficultés. Elle fait face à un blocage qui dure plus d’un an, apeurée de décevoir le public et de ne pas être à la hauteur de ses propres attentes.  « Je suis passée par le deuil d’une énergie, celle du premier long métrage, que je n’aurai plus jamais. […] Je n’arrêtais pas de le comparer à Grave, c’était insupportable, je me disais que je n’allais pas réussir à créer autre chose. Cette peur-là m’a amenée à penser que la seule issue, c’était d’en avoir rien à foutre. Quand j’ai pisté ça, j’ai juste fait ce que je voulais. Je suis contente d’avoir ressenti ça, même si ça a été douloureux pendant un an. », explique-t-elle lors d’une interview de Quentin Grosset pour Trois Couleurs en juin dernier. 

Cependant, le film qui rassemble Vincent Lindon, Agathe Rousselle et Garance Marillier, remporte la palme d’or et cela bien qu’il soit interdit aux moins de 16 ans et bien qu’il provoque des réactions difficiles dans les salles de Cannes. Des gens sortent des salles, d’autres ont la nausée et d’autres soufflent en désaccord. (Voir aussi : https://www.youtube.com/watch?v=kzhYjtGKUT8).

Mais ce qu’on ne peut pas enlever au film c’est qu’il fait réagir. Il intrigue, il a une profondeur telle qu’il est difficile de faire une analyse claire et précise du scenario. « J’ai vraiment essayé de faire un film qui décoche une flèche, qui soit avant tout une expérience dont on sorte comme d’une épreuve physique », explique la réalisatrice. Et c’est pour cela qu’une grande partie du public voit déjà en cette jeune cinéaste une révolution du cinéma français et une personne à suivre. Beaucoup la considèrent dotée d’un imaginaire hors du commun, et qui maitrise totalement son genre en voulant toujours se pousser plus loin.

Une palme d’or moderne 

Le festival de Cannes 2021 était présidé par Spike Lee et comptait dans ses membres Mati Diop, Mylène Farmer, Maggie Gyllenhaal, Jessica Hausner, Mélanie Laurent, Kleber Mendonça Filho, Tahar Rahim ainsi que Song Kang-ho. Ces talentueux membres ont décidé de récompenser Julia Ducournau avec la palme d’or en faisant ainsi la seconde femme à recevoir ce prix prestigieux. La première femme à recevoir la palme d’or était Jane Campion pour « La leçon de piano » sorti en 1993 ; prix qu’elle a emporté ex aequo avec Chen Kaige pour son film intitulé « Adieu ma concubine ». 

De plus, ce prix révolutionne le cinéma à Cannes d’une autre manière encore. En effet le genre de cinéma dérangeant, horrifique, n’a pas toujours fait l’unanimité. Au contraire, ils ont toujours été très peu montrés et la presse n’en parlait pratiquement pas. 
Récompenser un film de ce genre, un film transgressif, est un vrai pas vers l’avant pour le festival de Cannes.

En effet, Titane joue avec les genres en scindant le film en deux parties principales. Une première partie caractérisée par la violence et une deuxième partie plus émouvante où la protagoniste se cherche d’avantage. Le film est alors imprévisible et marque une belle maitrise du cinéma. « J’aime beaucoup l’idée d’un film évolutif, de la même manière que la protagoniste mue. Jusqu’à la fin, le film perd des couches pour aboutir à son essence : comment l’humanité peut naître d’un monde qui est une terre brûlée stérile, où il n’y a pas d’amour ? » affirme Julia Ducournau. 
On peut dire alors que ce prix couronne son effort et affirme que son objectif est bel est bien réalisé. 

Bande annonce 


https://www.youtube.com/watch?v=4Tr1Dqinu7U

La sortie nationale de Titane a eu lieu le 14 juillet 2021. Le film est donc toujours en affiche dans la plupart des cinémas en France. Alors ne ratez surtout pas une expérience forte et unique dans son genre.