Révélation de ces dernières années, successeur incontesté de Fourcade, le jeune biathlète a quand même un gros poids sur ses épaules et cela se ressent depuis la fin de carrière du plus grand biathlète français de l’histoire : Martin Fourcade. En ce début d’année, ses résultats en individuel sont plus que passables. Mais il comptait bien se ressaisir sur les Championnats du Monde à Pokljuka, en Slovénie.
Une arrivée en Slovénie dans le doute…
Après un mois de décembre 2020 catastrophique en équipe, où il s’est retrouvé dans la position du coupable en équipe de France, à cause de ses ratés aux tirs, mettant notamment fin aux espoirs de médailles. On pouvait se dire que la nouvelle année ne pouvait que lui faire du bien. Dans un premier temps, lors des relais en équipe, cela fut grandiose pour la France, avec deux premières places sur trois courses où il prenait part à Oberhof (Allemagne) et Antholz (Italie). Mais dans un autre temps, le côté individuel a été complètement raté par Jacquelin avec aucune course dans le Top 10 lors des 3 étapes de compétition avant les Championnats du Monde, avec entre autres un fiasco total sur le tir. À Antholz, le biathlète s’est vu ajouter à 4 reprises une minute de pénalité lors de l’individuel avec 3 erreurs lors du tout dernier tir. C’est dans les compétitions en individuel que le français de 25 ans arrivait à Pokljuka dans un flou total, en sachant qu’il devait défendre son titre de Champion du Monde sur la poursuite !
Un week-end fantastique !
C’est vendredi 12 février, avec le sprint, que Emilien Jacquelin entamait les Championnats du monde. Il est parti avec le dossard 33, une option plutôt intéressante pour lui, aux vus de ses adversaires directs qui étaient partis bien avant lui. Avec avoir récolté de nombreuses informations sur le tir de ses concurrents, le français savait que pour jouer la victoire il fallait être intraitable sur le tir avec un 10/10 ! Lors de la course, le tempo affiché par Emilien était très soutenu avec des temps de ski très bons pour espérer gagner malgré une possible erreur au tir. C’est avec une quarantaine de secondes qu’il arrive sur le premier tir couché. C’est avec un tir engagé que Jacquelin lâche une balle hors de la cible et s’oblige de tourner sur l’anneau de pénalité pour 25 secondes supplémentaires. Dans la suite de ce sprint, les intermédiaires à ski pour lui restaient bons et il était toujours en course pour la victoire finale ! Au moment où il arrivait sur le deuxième pas de tir en étant debout, c’est avec 25 secondes d’avance qu’il s’installe pour blanchir les 5 cibles. Encore une fois, c’est avec un tir trop engagé qu’il sort avec 7 secondes de retard sur le premier et il fallait qu’il réalise un excellent dernier tour de ski pour viser la première place du podium. Lors du deuxième temps à ski, le français originaire de Villard-de-Lans (Isère) est arrivé troisième avec 13 secondes de retard sur le vainqueur suédois : Ponsiluoma. Connue sous le surnom de « Lucky Luke », cette course permettait à Jacquelin d’avoir de l’espoir pour conserver son titre lors de la poursuite qui se déroulait 48h plus tard !
C’est dimanche, en début d’après-midi, que se tenait la poursuite. Les biathlètes avaient obtenu leur place grâce à la différence de temps entre eux et le vainqueur du sprint précédent. C’est avec le dossard 3, et 13 secondes de retard que Emilien Jacquelin prend le départ. Si d’entrée de course, lors de son premier tir avec un couché, Ponsiluoma (suédois) part à deux reprises sur l’anneau de pénalité, Jacquelin et les autres favoris ont réalisé un sans-faute et sont tous restés en groupe en moins de 15 secondes d’écart. Sur le reste du tour, avant d’arriver au deuxième couché, un duo a pris de l’avance sur le reste des biathlètes : Émilien Jacquelin et Johannes Boe (norvégien) qui produisaient un effort conséquent pour arriver seul sur le pas de tir. Sur ce deuxième tir, les concurrents directs du français sautaient un par un et cette fois-ci, c’est le norvégien qui partait à la faute. Le français se retrouvait donc seul avec une vingtaine de secondes sur les autres. Après deux tirs couchés, la fin de la course allait se jouer sur les tirs debout. Lors de ses différents intermédiaires, le français restait avec une avance conséquente et pouvait se permettre de commettre une erreur au premier tir debout. Son premier tir debout a été exceptionnel, rapide et engagé. Emilien Jacquelin se voyait repartir rapidement grâce à ce tir. Il creusait à nouveau l’écart sur ses concurrents, avec une trentaine de secondes sur les deux poursuivants mais surtout 45 secondes sur Johannes Boe qui loupait à nouveau sa cible, lui qui devait être son concurrent le plus coriace. Après 10 km, le tir numéro 4 était le moment le plus stressant pour le staff de l’équipe de France. Encore une fois, Emilien a osé et a réussi son pari en réalisant un 20/20 au tir sur l’ensemble de la course. Il ne restait plus que 2 km pour rester en tête et espérer la médaille d’or. Sur son dernier tour, l’écart avec les autres concurrents se rétrécissait mais s’est en se relâchant sur les derniers mètres que Émilien Jacquelin a pu savourer son incroyable performance !
C’est avec cette médaille d’or que le français envoie un message fort à la concurrence pour la suite de la compétition !
Mathis JOUVE – 17/02/2021
