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Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

La Team Vahiné Sevens : l’avenir du rugby féminin à sept

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Le sport féminin ? Le rugby à sept ? La team Vahiné Sevens ? Des termes qui restent vagues et ne font pas écho aux oreilles du grand public… Et pourtant, c’est un secteur en plein essor et la team Vahiné Sevens en est l’incarnation parfaite. Cette association, née en 2018, est l’avenir du rugby féminin à sept. Et qui de mieux pour en parler que son fondateur Matthieu Bouquerel. Ancien rugbyman, il se lance très tôt dans le coaching. À tout juste 21 ans, il entraîne les moins de 18 ans de Périgueux. Les années passent et il gravit les échelons jusqu’à terminer président de ce club. Mais, il ne s’arrête pas en si bon chemin. Il dirige aujourd’hui Horo’s Entreprise, membre du réseau inter-entreprise Resovalie Business Club, spécialisée dans le textile sportif et la création de support numérique de communication.

Témoignage d’un des grands acteurs du rugby féminin ….

« Bonjour Matthieu, vous êtes le fondateur de la Team Vahiné Sevens, de quoi s’agit-il précisément ? »

La Team Vahiné Sevens est une équipe de rugby féminin à sept qui réunit des joueuses de tous les niveaux et de toutes les nationalités. En effet, elle n’a pas le même statut qu’une sélection internationale de fédération par exemple, mais elle participe aux différentes étapes du circuit européen.  Elle évolue donc à un très gros niveau et les filles qui ont les qualités pour évoluer sur ce circuit seront retenues. Les autres, au contraire, seront envoyés sur d’autres compétitions. 

Pour finir, la première saison a été tronquée par la COVID-19. Seulement un tournoi avait pu être disputé. Cette année, ce sera la troisième saison, mais l’incertitude plane toujours à cause de la crise sanitaire.

« Pourquoi avoir monté un tel projet ? Quel est le but de cette opération ? »

Ce projet est parti d’une constatation que Matthieu a effectuée. À ses yeux, il n’y avait pas assez de structures comme la Team Vahiné Sevens. Il voulait donc remédier à ce problème et en créer une nouvelle avec pour but, la valorisation des joueuses de rugby à sept en tant qu’athlètes mais aussi en tant que personnes. 

Accompagné de plusieurs collaborateurs dont Olivier Coustillas, David Magoules et Jean-Christophe Mazas, notre interlocuteur est aujourd’hui à la tête de la seule association de rugby féminin à sept en France.

« Comment avez-vous fait pour faire adhérer des joueuses à votre cause et sur quoi vous basez-vous pour les recruter ? »

Le recrutement est assez spécial. Les critères sportifs de chaque joueuse sont bien évidemment scrutés. Mais pas seulement. Les critères humains, c’est-à-dire les valeurs et les mentalités des prétendantes à une place dans l’équipe sont une dominante prise en compte. Celle-ci peut même être plus déterminante que l’aspect sportif et influencer grandement les recruteurs dans leur choix final. 

L’année du lancement de cette association, l’effectif était de quinze joueuses. Peu à peu, grâce au bouche à oreille, de plus en plus de femmes ont rejoint cette aventure. Aujourd’hui l’équipe compte une quarantaine de joueuses dans ses rangs. Avoir un aussi grand nombre de rugbywomen dans l’équipe permet aux entraîneurs de « faire tourner ». Sachant que les tournois peuvent s’enchaîner pendant plusieurs mois sur un week-end, elles ne seront pas toutes disponibles au même moment. Ainsi, un roulement est instauré pour avoir une quinzaine de joueuses au top de leur forme à chaque campagne européenne.

« Justement, comment s’organise les compétitions auxquelles participent votre équipe ? »

Le circuit européen compte dix étapes, qui se déroulent dans neuf pays différents : Winter Sevens de Montpellier et JC Technique Paris Sevens en France, Melrose Sevens en Écosse, Norwich Sevens en Angleterre, Lisbon Sevens au Portugal, Rovigo Sevens en Italie, Andorra Sevens en Andorre, Bern City Sevens en Suisse, Brussels Sevens en Belgique et enfin Praha Sevens en République Tchèque.

 

Chaque tournoi se tient sur un week-end. Ainsi, le samedi a lieu les phases de poules et le dimanche les phases finales. Le rythme est donc soutenu et l’évènement est très contraignant physiquement pour toutes les joueuses qui y participent. 

« Quelles sont les perspectives pour l’avenir de votre association ? »

Matthieu Bouquerel a deux objectifs précis. Dans un premier temps, il veut faire de son équipe une référence en Europe. Dans un second temps, il veut que la Team Vahiné Sevens se fasse un nom sur la scène internationale.

Une des envies de l’association serait de participer au Papeete International Seven à Fautaua en Polynésie. Puis, après avoir disputé celui-ci, pourquoi ne pas être invité sur des compétitions internationales comme celles de Hong-Kong ou de Dubaï.

Pour finir, un autre projet tient à cœur notre interlocuteur. Il veut organiser ses propres tournois. Bien sûr, ce n’est pas une mince affaire. Grâce au concours de Philippe Momparler, président du réseau inter-entreprise Resovalie Business Club, ce rêve est devenu réalité. Et c’est plus qu’en bonne voie, puisqu’en 2022, le Caraïbe Vahiné Sevens devrait voir le jour à Saint-François en Guadeloupe. Il faudra ensuite pérenniser ce tournoi pour pouvoir en créer d’autres dans le monde afin de développer l’image du rugby féminin et du sport féminin en général. Des discussions sont déjà en cours pour exporter leur formule en Afrique.

 

« Pour aborder un peu l’actualité, est-ce que votre domaine a été impacté par la crise sanitaire qui frappe le monde entier encore aujourd’hui ? »

Comme tout le monde, le rugby féminin n’a pas été épargné. La saison dernière, un seul tournoi a pu être disputé sur ceux prévus. Même musique en cette fin d’année 2020. La première étape du circuit européen qui devait se tenir fin octobre a été reportée à fin février 2021, puis finalement annulée. 

« On avance, on organise mais nous sommes dans le doute », c’est ce que nous dit notre interlocuteur. Malgré l’incertitude qui plane autour de la tenue de cette saison, Matthieu Bouquerel veut à tout prix éviter la saison blanche. 

Enfin, les filles ont repris l’entraînement dans leur club depuis le 10 janvier. Arrêtés depuis trop longtemps, le fondateur de la Team Vahiné est inquiet. Il ne sait pas dans quel état il va récupérer ses joueuses. Les filles seront-elles en méforme physique, technique ? 

« Selon vous, est-ce que l’on accorde assez d’importance au sport féminin en général ? Est-ce qu’il est assez médiatisé ? »

Même si les médias s’intéressent de plus en plus au sport féminin, pour Matthieu Bouquerel, nous sommes encore très loin des critères de médiatisation des hommes. Il sait très bien que le sport féminin ne pourra pas faire autant d’audience que le sport masculin ou alors cela prendra énormément de temps avant d’y arriver. 

Selon lui : « Les gens doivent prendre conscience qu’il n’y a aucune différence entre les hommes et les femmes dans le sport pour que les choses changent et avancent ». 

« Pour rebondir sur vos propos, étant donné que le championnat national de rugby féminin ne possède pas le statut professionnel, j’imagine que les filles doivent avoir un emploi à côté ? »

Cette question sur la « double vie » des joueuses fait bien entendu grand débat de nos jours. L’ensemble des joueuses de rugby à sept sont licenciées dans un club à quinze à l’instar du Stade Français, la Valette et Toulouse. Mais, au contraire des hommes, leur championnat ne possède pas le statut de professionnel. Elles doivent donc concilier vie sportive et travail voire pratique sportive et étude pour certaines encore très jeunes.  


« Pour en revenir à la médiatisation, comment procédez-vous pour faire gagner de la visibilité à votre cause et ainsi la rendre connue aux yeux de tous ? »

« La difficulté quand on ne part de rien, c’est qu’il faut arriver à se faire connaître. Il fallait donc rendre le plus attractif possible l’équipe. Si on ne développe pas son image, on ne sera pas connu et entendu ».  C’est pour cela que la Team Vahiné Sevens est très présente sur les réseaux sociaux et publie du contenu tous les jours.

 

Au-delà de la communication numérique, l’association s’est entourée de figures du rugby mondial pour apporter de l’authenticité à sa cause. Ainsi, elle s’est dotée d’un parrain, Pepito Elhorga, qui compte 18 sélections avec le XV de France et d’une marraine, Doriane Constanty, joueuse sous contrat fédérale avec l’équipe de France à sept et sélectionnée quatre fois en équipe de France à quinze. 

Commençant à se faire connaître, le projet de Matthieu Bouquerel reçoit de nombreux soutiens de la part de professionnels du monde du « ballon ovale ». C’est le cas par exemple de Jawad Djoudi, ancien international U21 passé par les Barbarians, Toulon, ou encore Brive.

La Fédération Française de Rugby commence même à s’intéresser à l’association par le biais d’Anne Gallissaires, ancienne internationale qui gère désormais tout ce qui touche au rugby féminin au sein de cette institution. « Anne est pleinement intégrée au projet et nous a mis en relation avec un club support qui évolue en TOP 14, afin de nous aider dans notre développement ». Ce sont les mots de Matthieu Bouquerel. Bien sûr, il n’a pas évoqué le nom de celui-ci, qui sera dévoilé très prochainement lors d’une conférence de presse. 

« Est-ce que pour vous, le rugby féminin peut prendre autant d’ampleur que le football féminin par exemple ? »

C’est ce qu’espère Matthieu Bouquerel, mais pour lui, même si le rugby féminin est de plus en plus médiatisé, il ne pourra pas égaler le football féminin. En effet, le football reste le sport le plus populaire et pratiqué dans le monde.  

De plus, pour que celui-ci prenne de l’ampleur, il faudrait que le TOP 16, championnat national de rugby féminin à quinze, atteigne le statut professionnel. Ce dernier ne possédant que celui d’amateur, il n’intéresse pas assez.  

Tous ces éléments sont des freins à sa bonne médiatisation. Il reste donc encore beaucoup de travail pour développer l’image de ce sport et du sport féminin dans son ensemble.

Le rugby féminin, entre indifférence du public et faible médiatisation, représente malgré tout un enjeu majeur pour les années à venir. Un projet comme celui de notre interlocuteur en est le parfait reflet. Matthieu Bouquerel et sa Team Vahiné Sevens comptent bien éviter les plaquages et marquer l’essai final qui apportera sa pierre à l’édifice dans la construction de cette discipline.

Julien VOSSENAT – 02/02/2021

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